Un nouvel ambassadeur de France à Alger Stéphane Romatet a été nommé, hier en Conseil des ministres. Dans sa biographie professionnelle, on apprend qu'il avait déjà été pressenti pour être ambassadeur à Alger en 2016. Il devait donc remplacer Bernard Emié. Mais cette nomination n'avait pas abouti et c'était Xavier Driancourt qui a fini par prendre le poste, en 2017, pour son second séjour à Alger en tant qu'ambassadeur. Le nouveau locataire de l'ambassade de France à Alger remplace François Gouyette, dont la décision de sa mise à la retraite prend effet à partir de l'été prochain. Nommé en 2000, le diplomate sortant passe pour être un fin connaisseur de la culture algérienne. Son remplaçant, 63 ans, est diplômé de Sciences-Po Paris. Il a été également un ancien élève de la prestigieuse Ecole nationale d'administration française, connu pour fournir des cadres de haute compétence. Il a débuté une longue carrière de haut fonctionnaire dès l'obtention de son diplôme de la promotion «Denis Diderot» en 1986. À cette même année, il intègre le ministère français de la Défense et y exerce jusqu'en 1993. Détaché auprès du ministère des Affaires étrangères, il est conseiller à Amman, de 1993 à 1996. Il revient ensuite à l'administration centrale, pour intégrer le Corps des conseillers et secrétaires des Affaires étrangères en 1999. Grâce à cette affectation, il occupe, en 1999 et 2005 un poste de Conseiller auprès des ambassades de France à Ottawa et Dakar. Outre ces deux expériences de terrain, Stéphane Romatet est promu ambassadeur extraordinaire plénipotentiaire. Il exerce cette responsabilité à Canberra entre 2011 et 2014. Pour son dernier poste diplomatique, il met le costume d'ambassadeur de France au Caire de 2017 à 2021. Auparavant, Stéphane Romatet est conseiller diplomatique auprès du Premier ministre depuis 2 Cette nomination, qui intervient dans un contexte de suspension des relations diplomatiques entre Alger et Paris, fait néanmoins écho à la décision du président Tebboune concernant un prochain retour de l'ambassadeur algérien à Paris. Un double signe émanant des deux capitales qui plaide en faveur d'un très probable réchauffement des relations entre l'Algérie et la France. L'épisode de l'exfiltration de l'activiste franco-algérienne, Amira Bouraoui, n'empêchera pas le rapprochement algéro-français, même s'il a effectivement perturbé une séquence historique dont on pensait avoir dépassé le point de non-retour dans les relations entre les deux Etats. Mais ces relations ont de toute façon toujours été «fluctuantes», de l'aveu du président Tebboune, lors de l'entretien qu'il a accordé à la chaîne de télévision El Jazeera. Il reste que la nomination du nouvel ambassadeur français et le retour de son homologue à son poste à Paris ne relève certainement pas du hasard. On en veut pour preuve, les multiples sorties du président Macron plaidant pour un partenariat fort entre les deux pays. Il aura d'ailleurs cette phrase significative: «Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui ont intérêt à ce que l'on fait depuis des années maintenant avec l'Algérie ne réussisse pas.» Cela ne l'absout certainement pas de sa responsabilité de chef de l'Etat dans l'opération d'exfiltration de Amira Bouraoui, mais éclaire d'un jour nouveau les contradictions qui traversent le système politique français. On retiendra dans cette évolution dans le traitement de leurs relations, qu'Alger et Paris sont mus d'une volonté de dépasser cet énième écueil. Ce ne sera pas le dernier dans le parcours des chefs d'Etat Tebboune et Macron, mais avancer dans le dialogue mémoriel malgré toutes les embûches est en soi une preuve de la détermination des deux Présidents de vaincre les forces de la haine.