Il est des choses qu'il est difficile de mesurer, jauger avec précision. Même les sciences statisticiennes, les sciences sociales ou humaines réunies ne pourraient en évaluer les contours avec justesse. Parmi elles, la perception qu'on peut avoir d'un pays, l'image que l'on s'en fait. La représentation que nous nous faisons de tout pays qui viendrait à faire partie de notre sphère de connaissance, évolue dans le temps. Les événements se chargeant au gré des conjonctures, de la volonté des hommes ou de la nature, d'en façonner la représentation imaginaire. Pendant les années 90, l'image de l'Algérie était tellement troublante, effrayante, dominée par la violence sauvage qu'elle renvoyait à un pays du Moyen Âge dans lequel il ne faisait pas bon vivre et vers lequel il était proscrit d'y aller. ÀA telle enseigne que l'on devinerait des velléités suicidaires chez toute personne qui aurait l'idée de s'y diriger. À telle enseigne aussi que même les plus farouches défenseurs d'une Algérie encore touristique n'osaient envisager de participer aux rencontres et autres salons internationaux. Autant ne pas y aller. La politique de la chaise vide. Ce qui s'est avéré encore plus dangereux. Car quand il n'y a pas de réponses à nos questions, on s'en invente. Et la descente aux enfers ne serait que plus rapide et les conclusions plus irréfragables. Ce que ne s'en privaient pas les détracteurs de tous bords. Mais ça, c'était avant. Depuis, la situation a évolué. Même s'il reste beaucoup à faire. Beaucoup de choses ont été faites, à commencer par la seule présence dans ces rencontres touristiques internationales. Une présence d'abord patriotique avant d'être au service exclusif de la promotion du tourisme algérien. Rappeler que l'Algérie était et reste debout. Ensuite, au fil du temps, des présences, du discours, rappeler au bon souvenir des oublieux, tout le potentiel touristique algérien dans toute sa diversité et sa richesse naturelle et culturelle. Une présence d'abord timide et même approximative de la fin des années 90 et début des années 2000, pour évoluer chaque année un peu plus et un peu mieux au gré des participations. Conférences de presse et plans de communication s'élaborent, se réalisent et se succèdent, les constructions de stands s'affinent, les animations s'améliorent. A la fin de la première décennie de l'année 2000, de l'aveu de tous, la présence algérienne est beaucoup plus élaborée et le discours se dépolitise au gré des questionnements des visiteurs, professionnels ou grand public, pour se consacrer à des questions plus spécifiques liées au tourisme. Des questions plus concrètes, plus pragmatiques. Des questions non plus sur l'opportunité de visiter l'Algérie, mais sur notre capacité à répondre à la demande. Notre capacité de recevoir dignement, en matière d'accueil, d'infrastructures, de programmes, de circuits, d'encadrement... Et là, c'est toute une autre question. Le militant doit céder le pas au professionnel. Le discours patriotique doit s'éclipser pour laisser place aux Ntic et aux techniciens du marketing et de la communication. Les exposés sur le potentiel naturel et providentiel de l'Algérie doit se sacrifier au profit des circuits, des packages, des tarifs, des conditions d'hébergement, de restauration et autres prestations. La présence des responsables ne sera plus pour faire de la figuration, mais pour recevoir, convaincre les partenaires potentiels sur le bien-fondé de leurs offres et leur compétitivité. Et là, les choses iront beaucoup mieux qu'elles ne le sont maintenant. Et l'élaboration lente, mais sûre de l'image ne sera que plus conséquente et plus bénéfique pour le tourisme algérien.