A-t-il été soudoyé par le Makhzen? La question est sur toutes les lèvres depuis que des internautes ont posté des photos montrant le secrétaire général de l'ONU à Fès. António Guterres n'a pas trouvé meilleur site sur la planète pour passer ses vacances que cette ville marocaine? En tout cas, le choix est loin d'être un hasard pour celui qui dirige l'une des plus prestigieuses organisations internationales. À la fin des années 1990, alors qu'il était Premier ministre au Portugal, Guterres a déclaré, sentencieux, en renvoyant un de ses ministres: «Rome ne paye pas les traîtres». Sur la Toile, les langues se délient. On susurre que tout a été ficelé lors de la participation du SG de l'ONU, le 23 juin dernier, à une conférence à l'Institut des sciences politiques à Paris, en marge de sa participation au Sommet sur le climat pour un pacte financier mondial. À en croire le journal on-line Algérie 54, ce rendez-vous a été «concocté apparemment par le Makhzen». Au risque de déplaire, cette histoire de Fès laisse libre cours à de très nombreuses interprétations quant à l'impartialité dans le conflit au Sahara occidental. La démarche sème le doute. Et à qui profite ce doute? «Ce revirement» du patron de l'ONU survient au moment où les pays non-alignés viennent d'adopter à Bakou, lors de la dernière réunion du MNA, une résolution historique sur le dossier sahraoui. La résolution en question appelait clairement à l'organisation d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui, conformément à l'application du droit international. Homme politique averti, António Guterres n'ignore certainement pas qu'il est le premier concerné par la défense de ce droit. Son attitude en sa qualité de secrétaire général de l'ONU ne doit souffrir d'aucune spéculation ou fausse interprétation. Or, il a choisi de passer ses vacances dans un pays directement impliqué dans un conflit et une question inscrite dans le 4ème comité de décolonisation de l'ONU. Guterres peut-il alors s'exonérer des doutes et des spéculations qui accompagnent ce faux pax? Il vient d'ouvrir, grandes, les portes des critiques sur son équité et son impartialité dans ce conflit de décolonisation qui dure depuis 1975, date de l'occupation illégale des territoires sahraouis par le Maroc. Le président du Conseil espagnol Pedro Sanchez, qui a mordu la poussière lors des dernières élections en Espagne est lui aussi un adepte des vacances au Maroc. António Guterres a-t-il une mémoire aussi courte au point de vite oublier la grave affaire d'espionnage liée au logiciel Pegasus? Les victimes ne sont pas que des personnalités internationales, surtout amies du Maroc comme justement le président du Conseil espagnol Pedro Sanchez, l'ancienne patronne des services de renseignements espagnols, Paz Esteban, le président français Emmanuel Macron... En prenant le risque de passer des vacances au royaume du haschisch, le secrétaire général de l'ONU doit se soucier pour sa réputation, sa carrière et sa crédibilité. Surtout que le pays en question est détenteur d'un triste palmarès fait de scandales à répétition. Après Pegasus, le Maroc est impliqué dans une deuxième affaire de grande ampleur: le retentissant scandale de corruption au sein du Parlement européen appelé le «Marocogate».