Le gouvernement doit régler les problèmes du secteur privé pour que ce dernier soit en mesure de satisfaire les revendications de ses travailleurs. La réunion du groupe de travail, chargé du parachèvement du pacte économique et social, attendue mercredi prochain, semble d'ores et déjà compromise. Après le refus, catégorique, formulé par les SGP quant à la revalorisation des salaires des employés du secteur économique public, c'est au tour du patronat d'énoncer ses réserves. L'élaboration de ce pacte, retraçant les grandes lignes de la politique économique et social, à moyen terme, est confrontée à de sérieuses embûches. La révision du code du travail et l'augmentation de salaires, telles qu'elles sont formulées par l'Ugta, sont contraires aux intérêts du secteur économique privé et par conséquent aux intérêts des employés qui devront payer, eux aussi, par la suite, les frais de la faillite des entreprises privées. C'est ce qui ressort des propos de M.Mrakech, le président de la Cap (confédération algérienne du patronat). Au lieu d'une augmentation de salaires de l'ordre de 20% pour toutes les catégories de travailleurs, demandée par l'Ugta, notre interlocuteur suggère une différenciation des hausses. Il propose, en fait, de procéder à une augmentation selon la compétence et la rentabilité par rapport à l'entreprise. M.Mrakech, qui a plaidé pour la nécessité de définir les catégories d'emplois selon la compétence, et leur classification selon l'expérience, a estimé qu'une revalorisation suivant la formule: «travail égal, salaire égal», est tout simplement inefficace comme motivation. Le président de la CAP dont l'organisation est désignée représentante du patronat dans le groupe de travail devant finaliser le fameux pacte, nous a déclaré, par ailleurs, que «la Cap qui travaille d'arrache-pied, depuis plus d'un mois, pour l'élaboration d'un avant-projet de pacte économique et social, est sur le point de le finaliser». Il s'agit, selon ses termes, d'une «vision sociale et économique et, pérenne et sereine» qui comporte, entre autres revendications, la réforme des banques et la définition des relations avec l'Etat en passant en revue, avec méthodologie, tous les mécanismes économiques. M.Youçfi, le président de la CGEA (confédération générale des entrepreneurs algériens), n'est pas allé, quant à lui, du dos de la cuillère, en indiquant explicitement ce qu'attendait le patronat de l'Exécutif. La réduction des impôts et la lutte contre le marché informel pour combattre la concurrence déloyale. La réforme bancaire pour faciliter l'accès aux crédits. La révision du code des marchés publics, en vue de donner plus de chances aux opérateurs privés en vue de participer à la réalisation des grands projets lancés un peu partout dans le pays. Ce sont là, les principales revendications des patrons, énoncées par le président de la Cgea. Ce dernier s'est plaint, également, de l'exclusion des entrepreneurs privés des marchés inhérents à la construction de 1 million de logements. Il a plaidé, à cet effet, pour une mesure réservant 50% de cet immense «marché» aux entreprises nationales, privées et publiques. S'agissant de la mise à niveau dont bénéficient les entreprises publiques, notre interlocuteur a estimé que cette mesure «doit être élargie au secteur privé afin qu'il puisse satisfaire les revendications de ses employés». Il est tout à fait évident, donc, que la conclusion des conventions collectives de branche dans le privé, est liée mathématiquement par transitivité, à la prise en charge par le gouvernement des problèmes du patronat. Autrement dit, le gouvernement doit régler les problèmes du secteur privé pour que ce dernier soit en mesure de satisfaire les revendications de ses travailleurs.