L'an dernier, l'Algérie a figuré à la 88e place du classement mondial. Le ministre de la Justice entend jouer, du 19 au 21 du mois courant, le rôle d'enseignant dans la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Sur la défensive, après les scandales financiers qui ne cessent d'éclater, la justice et les finances ont déjà suffisamment traîné la patte en la matière. L'an dernier, l'Algérie a figuré à la 88e place dans le classement mondial des pays, en termes de lutte contre le blanchiment d'argent. Ce n'est, décidément, pas confortable pour un pays qui tente lamentablement de relooker sa façade économique, confortée par la manne pétrolière. Ce n'est qu'en 2004 que le ministère de la Justice, première instance concernée par l'affaire, a jugé nécessaire un projet de loi portant prévention et lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Il a été question aussi d'amender la législation pour qu'elle soit en conformité avec la convention internationale pour la répression du financement du terrorisme. Qu'a-t-on fait depuis? Le système bancaire et financier, livré à une mécanique rénovatrice, ne cesse d'être éclaboussé par moult tapages. Il est utile de reconnaître dans la foulée, que la criminalité financière tire sa source, essentiellement, du blanchiment d'argent et de la corruption. Les magistrats algériens auront droit, du 19 au 21 septembre, à un stage de recyclage assuré par quatre experts français. Il s'agit d'un magistrat, d'un banquier et d'un membre de la cellule de renseignement financier français. Pour un pays en perte de vitesse dans le domaine de la lutte contre le blanchiment d'argent, il s'avère nécessaire de s'appuyer sur la coopération internationale. Mais, n'est-il pas impératif d'entamer la lutte à partir du marché parallèle? Le virus qui intoxique l'économie nationale. En l'absence d'un marché de la devise, l'autre handicap d'une économie en quête de métamorphose, les transactions illégales ont pris des proportions très inquiétantes. En toile de fond se pose la problématique de l'argent brassé sans facturation et dont l'origine est souvent douteuse. Peut-on réussir une transition économique sans canaliser les transactions financières et réformer le système budgétaire? Le non est évident. Au-delà de cette question, les établissements financiers et banques sont tenus de déclarer les comportements suspects de leur clientèle. Souvent, les scandales financiers ont été l'effet direct de la non-déclaration des activités suspectes Les ´´déclarations de soupçons´´ doivent être traitées, ensuite transmises aux instances judiciaires pour d'éventuelles poursuites. La conférence qu'organisera le département de Tayeb Belaïz concerne aussi des magistrats exerçant au niveau des cours. L'objectif est «d'approfondir leurs connaissances et d'acquérir le savoir-faire nécessaire pour traiter ces fléaux ravageurs avec l'efficacité requise», lit-on dans un communiqué diffusé par le ministère. La rencontre s'articulera autour de cinq axes liés, notamment, aux normes internationales en matière de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Il s'agit aussi d'initier les spécialistes algériens à enquêter dans le domaine financier. Les experts français, animateurs de la conférence, plaident, également, pour le renforcement de la sécurité bancaire et la coordination entre les autorités judiciaires et les cellules de renseignement financier. Ce sont, en fait, les paramètres de base qui peuvent conduire à une lutte efficace contre le blanchiment d'argent. L'Algérie n'est pas à ce stade, sinon on aurait compris l'origine des scandales financiers et de l'argent des terroristes.