Dans un document diffusé par la Communauté européenne et qui décrit les objectifs de coopération de l'UE en Algérie, il est fait mention des risques, assez graves, que le pays recèle encore. Le rapport brosse, globalement, un tableau assez sévère de la situation politique et économique du pays. Dans ce sens, il note «une instabilité structurelle» marquée, ajoute-t-il, par le terrorisme et la contestation populaire en Kabylie et fait mention, par ailleurs, des insuffisances «quant au respect des droits de l'Homme, des principes de l'Etat de droit et de la bonne gouvernance». Aussi, si le document a fait valoir une stabilité macroéconomique due, notamment, à une conjoncture pétrolière favorable, il ne remarque pas moins «une aggravation du chômage et des conditions de vie», accentuée par une faible dynamique dans les autres secteurs économiques. Autant de défis, précise-t-on encore, que l'Algérie devrait impérativement relever pour assurer un croissance économique durable. Le rapport, après avoir exposé de façon fort détaillée le contexte politique, social, économique et sécuritaire du pays, propose, ensuite, une série de mesures susceptibles de voir la situation s'améliorer. Sur le plan politique particulièrement, la Commission invite l'Algérie à «trouver des solutions pour régler le conflit interne, à travers un dialogue politique impliquant toute la population». Le gouvernement devra, insiste-t-on, chercher un compromis avec la population de Kabylie et entretenir les voies du dialogue dans «d'autres régions du pays afin de mettre un terme aux affrontements et à la violence». Outre la crédibilité qu'il s'agit de retrouver, le gouvernement et les institutions sont appelés à fournir plus d'efforts afin de «combler l'écart croissant entre la population et les représentants du pouvoir politique et économique». Aussi, la Communauté européenne n'a pas omis de souligner l'impératif du bon fonctionnement de la justice et du respect des droits de l'Homme et des libertés fondamentales. Un dossier sur lequel insistent nombre de pays membres de l'UE. Le rapport remarquait, dans ce sens, que «de graves violations des droits de l'Homme continuent d'être rapportées». Il cite, entre autres, «des détentions arbitraires par les forces de l'ordre, tortures, exécutions extrajudiciaires et disparitions». Il note également qu'en matière de liberté d'expression, le récent code pénal ayant trait à la diffamation des institutions de l'Etat «constitue une évolution négative». Sur le plan économique, en revanche, il est clairement signifié l'apport que pourraient avoir les accords signés avec l'Union européenne et l'adhésion prochaine de l'Algérie à l'OMC. Dans ce cadre, il s'agit, en renforçant le processus d'ouverture et en dynamisant l'investissement, d'arriver à une croissance plus élevée et «plus soutenue». Il s'agit ensuite de réduire la dépendance du pays à l'égard des hydrocarbures et de développer davantage les échanges avec les au-tres pays sud-méditerranéens, afin d'augmenter «la taille des marchés et (garantir) les économies d'échelles requises pour l'amortissement de l'investissement». Le document note, sur un autre registre, un bon nombre de risques qui, outre ceux qui ont trait au terrorisme, concernent ce qu'on a appelé les «intérêts de rente de groupes d'influence», faisant ainsi allusion à l'armée algérienne qui, ajoute-t-on, «malgré (son) apparent ‘‘feu vert'' à l'engagement du processus d'association avec l'UE, les intérêts particuliers (monopolisation de certaines importations, corruption) risquent d'entraver la libre concurrence et les effets économiques attendus de la zone de libre-échange». Ces risques pourraient, écrit-on, avoir des implications négatives sur la coopération financière. Le document précise qu'une recrudescence du terrorisme compromettrait «les programmes décentralisés, en particulier les projets de lutte contre la pauvreté (développement local Nord-Est) et la réhabilitation des zones sinistrées par le terrorisme». Il met en garde, par ailleurs contre toute mise en cause de la politique des réformes qui «toucherait à la base même des relations bilatérales dans le cadre du partenariat Euromed». Ce qui aurait des répercussions sur les allocations budgétaires futures au profit de l'Algérie. Dans ce cadre, un budget de 150 M d'euros pour la période 2002-2004 serait attribué à l'Algérie. Les priorités de la Communauté européenne pour les quatre années à venir seraient d'appuyer les réformes économiques dans le but d'intégrer pleinement l'Algérie dans l'économie de marché et de renforcer la compétitivité des entreprises. Un budget total de 30 millions d'euros serait accordé pour appuyer ces réformes. Le volet social et politique ne sera pas pour autant négligé. L'Europe a, de ce fait, pour second objectif de développer davantage les ressources humaines «en vue d'améliorer les conditions des populations pour l'insertion dans la vie active et de mieux adapter les systèmes d'éducation et d'enseignement aux besoins socio-économiques» du pays. 17 millions d'euros seraient le budget indicatif fixé pour la période 2002-2004. Elle serait également prête à consolider l'Etat de droit et la bonne gouvernance avec un budget fixé à 30 millions d'euros afin, note-t-on encore, «d'appuyer le retour à la stabilité interne et le développement des affaires». 25 M d'euros seraient attribués pour développer les infrastructures économiques, particulièrement en matière de transports. C'est du moins l'essentiel de ce qui ressort d'un cadre stratégique que la Communauté européenne a mis en place et qui prévoit une aide à l'Algérie inspirée qui s'inscrirait dans le processus de Barcelone. Un document de 45 pages décrit sommairement, sur la base, souligne-t-on, de l'agenda politique de l'Algérie et de sasituation politique, socio-économique, «les objectifs de coopération de l'UE, la réponse politique et les domaines prioritaires de coopération».