Pourquoi nos trois barrages ne se remplissent-ils plus depuis des années, même en période de pluies ? Par exemple, au mois de septembre la wilaya a enregistré un cumul de près de 60 mm. Et voyez le résultat ! La semaine dernière, la météo estimait à 32 mm les pluies tombées en moins de 24 heures. On pourrait penser que de tels apports allaient porter le niveau des trois barrages à des taux de remplissage intéressants. Et qu'avons-nous découvert, hier, auprès de la direction des ressources en eau ? Que le barrage de Koudiet Asserdoune est à 21,574 millions de m3, celui de Tizdit à 51 millions et celui de Oued Lakhel, à 2,4 millions. Faut-il s'inquiéter de cette situation ? Non, nous disait Ahmed Allilèche, l'un des responsables du secteur. Avec une dotation de 90 000 m3 au profit des trois wilayas (Bouira, Tizi Ouzou et M'sila), nous pourrions tenir encore facilement six mois avec ce que nous avons déjà dans les trois barrages. Or, nous allons vers la saison des pluies et il faut nous attendre à de nouvelles précipitations et à de nouveaux apports pluviométriques. Il est heureux, en effet, que nous nous dirigions vers l'hiver. Sans quoi, ce serait une catastrophe et une souffrance. Il y a, naturellement, le programme des forages. Pour la seule saison estivale, la wilaya en a réalisé trois pour le renforcement des capacités d'AEP pour la ville de Bouira. Ce sont les forages Sntv, les F1 et F2 Gorias mis en service entre juillet et août, dont nous avons rendu compte dans une précédente édition. Pour la ville de Lakhdaria, qui est l'une des communes qui a le plus souffert des affres de la soif, c'est le forage de Oued Bouemoud, dont la mise en service a précédé de peu les trois derniers. La crise, comme on peut le voir, s'en trouve atténuée dans une large mesure pour ces chefs-lieux de communes. Cependant, notre question concernant le remplissage des trois barrages reste pendante. D'où vient, en effet, que toutes ces précipitations observées tout au long de ce mois n'ont pas eu-ou si peu-d'impact sur le niveau des trois barrages ? L'explication de l'ingénieur en hydraulique est très pertinente. C'est parce que ces derniers ne bénéficient que médiocrement de ces pluies que la wilaya enregistre. Le problème n'est donc pas dans l'importance des pluies, mais dans les bassins qui les alimentent. Or, les eaux des trois oueds (Oued Bared, près d'El Adjiba, qui descend en torrent du Djurdjura ; Oued Barbar, entre El Adjiba et Bechloul et Oued Ziane qui vient de Bordj Khreïs, au Sud et passe en aval de Tilezdit), se jettent dans la mer, et c'est dommage, déplorait notre interlocuteur. Que faire, dans ce cas ? Allons-nous nous contenter de cet état de choses sans réagir ? Non, nous rassurait l'ingénieur en hydraulique. Une solution existe, et lors de la visite du ministre de l'Agriculture, le 1er avril, à Bouira, elle lui a été proposée. Il s'agit de créer des déviations au niveau de chacun des trois oueds pour les amener à déverser leurs eaux dans les trois barrages. Le coût de ces trois opérations serait évidemment énorme, mais que de problèmes seraient réglés. Les trois barrages pleins, cela signifierait la couverture totale des besoins en AEP des trois wilayas et des dotations conséquentes pour les périmètres irrigués réduits, par la sécheresse, à la portion congrue.