Papillon, tu étais chrysalide d'Imene Bensitouah est un récit qui explore les sentiers du rêve et des souvenirs. À l'aide d'ingrédients puisés dans son enfance et dans son village, l'auteure nous plonge dans un champ aux dimensions cosmiques avec des questionnements philosophiques, mystiques et existentiels. Usant d'une écriture tirée de la veine de la littérature orientale, qui combinent à la fois, poésie, une sorte de lyrisme aux connotations presque cosmogoniques et un ensemble de réalités de tous les jours, l'auteure s'interroge sur toutes les transmutations de la vie. De l'illusion de croire à des convictions bigotes aux pensées modernes ou celles que l'on croit modernes. Car à lire ce livre, à s'imprégner de ce monde merveilleux qui y est décrit, à la fois profond et mystique, on se rend compte que la réalité et l'illusion n'ont pas de frontière distincte. Les rêves que l'on croit chimères, établissent souvent des ponts de certitudes avec les choses les plus tangibles qui soient. Imène Bensitouah nous plonge dans un monde onirique, mais en même temps des rêves qui ne se dissolvent jamais face aux réalités qu'ils rencontrent. Elle nous fait découvrir un univers tiré de ses souvenirs ou peut-être de son imaginaire, avec la même fascination et le même charme de lecture que quand elle raconte ses rêves. Que ce soit quand elle parle de son enfance relatée ici dans ce livre avec beaucoup d'affection ou de ses voyages dans le monde (notamment à Istanbul, en Turquie) ou encore de son amour pour les fleurs, en tout temps «ses nuits mouvementées» s'immiscent dans le texte. Tout devient propice à l'invasion du songe pour donner cette dimension magique et fascinante aux mots. Et lorsque la muse n'est plus là ou que les rêves prennent des allures de cauchemars,ce sont les souvenirs avec leurs images miroitantes qui viennent ou qui reviennent à la rescousse. C'est à cette partie pleine d'innocence qu'elle fait appel. À ces fragments de l'enfance vécus dans son village autrefois qui arrivent en lambeaux pour noircir sa feuille blanche. Ainsi, tel un papillon dans son innocence et sa légèreté, elle s'en va de fleur en fleur, perdue dans l'immensité du monde de ses souvenirs, bravant la tyrannie du temps et de la pesanteur. Ici dans ce livre, au rythme de ses départs, de ses haltes, les mots exaltent la pureté des choses. Les fleurs, les paysages, le cimetière, les hommes et les femmes, tout passe par l'alchimie de ses expressions pour prendre un peu de cette magie qui émaille son écriture. Même quand elle parle de la mort, du chagrin ou d'une tout autre douleur, rien ne fait abîmer l'harmonie des mots. Tout est hymne à la vie d'o Un livre qui nous décrit un monde presque en marge du réel, mais rien ne lui retire les certitudes des choses concrètes ou des choses vécues. Un livre qui attache le lecteur à la toile de cet univers fascinant et quelquefois déroutant jusqu'à la fin. Lounès GHEZALI