Le conciliabule de Riyadh, entre les sept pays participants, a laissé en marge des pays qui devaient logiquement être partie prenante des discussions et, surtout, des décisions éventuelles. En sa qualité de membre du Conseil de sécurité de l'ONU au nom des pays arabes, l'Algérie ne pouvait décemment être ignorée, en amont comme en aval de la démarche et c'est la raison pour laquelle le président Abdelmadjid Tebboune a chargé le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, de représenter l'Algérie à un tel conclave qui pèche par un manque flagrant d'inclusivité. Une absence regrettée mais aussi une décision saluée par la rue arabe et, plus encore, palestinienne, ainsi que par les médias internationaux et les réseaux sociaux majeurs. Les 22 pays réunis pour un sommet extraordinaire au Caire, hier, devaient donc prendre acte du projet alternatif égyptien, adopté au sommet «informel» de Riyadh, projet qui concerne l'avenir de la bande de Ghaza, territoire totalement ravagé par une agression sioniste durant 15 mois au lieu et place du plan de Donald Trump. Celui-ci est fortement décrié par l'ensemble de la communauté internationale et seul le Premier ministre sioniste, Netanyahu, l'avait salué en affirmant qu' «il est temps de donner aux habitants de Ghaza la liberté de partir»...Et c'est lors d'une réunion à huis clos, après des discours prononcés par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa Al Khalifa, selon l'ordre du jour publié par l'organisation panarabe, que les participants devaient «approuver» la déclaration finale. Rappelons, à ce sujet, que les Nations unies évaluent à plus de 53 milliards de dollars le coût de la reconstruction du territoire ghazaoui en ruines.Or, le plan égyptien parle d'une vision globale destinée à maintenir la population palestinienne de Ghaza sur sa terre pour un coût de 20 milliards de dollars nécessaires à une reconstruction «dans sa phase initiale» et provenant, pour l'essentiel, de contributions des pays arabes et musulmans. Il se déroulerait sur une période de 5 ans et comprendrait 3 étapes dans la reconstruction de l'enclave palestinienne. Pour engager les chantiers, il propose de créer 3 zones dites de sécurité où la population serait regroupée pour permettre le début des travaux de déblaiement des décombres, notamment. Une phase de 6 mois serait consacrée à l'installation de chalets mobiles et autres logements d'appoint. Plus d'une vingtaine d'entreprises égyptiennes et étrangères seront chargées de leur construction et de l'évacuation des décombres. Jusque-là, il s'agit de paramètres «techniques», mais le plan recèle d'autres surprises de taille. Il y est question, en effet, de remplacer le gouvernement du Hamas par une «instance intérimaire contrôlée par les pays arabes, musulmans et occidentaux» et de créer une nouvelle «police palestinienne»! Or, le Hamas a déjà fait savoir qu'il rejette fermement toute proposition imposée aux Palestiniens par d'autres Etats. L'instance évoquée par le plan égyptien serait chargée de l'aide humanitaire et de la reconstruction et la durée de son mandat reste inconnue. Il est dit dans le préambule du document soumis à l'approbation du sommet que Ghaza n'aura pas de financement international, majeur «si le Hamas reste l'élément politique dominant et armé de sa gouvernance». Tels sont en substance les propositions émanant du débat mené pendant des semaines par l'Egypte, la Jordanie et les cinq monarchies du Golfe, à l'exclusion des autres pays membres de la Ligue arabe. Des manquements et des dysfonctionnements dans le processus de préparation du sommet que l'Algérie n'a pas manqué de souligner, sans oublier la mise en équation de la cause palestinienne sans l'aval des Palestiniens, seuls habilités à décider de leur statut... L'unité arabe est, de ce fait, secouée une fois de plus alors qu'elle doit être le ciment du projet de reconstruction de Ghaza et le fer de lance de la sauvegarde de la cause centrale qu'est la Palestine. Le financement d'un tel plan reposerait sur l'Arabie saoudite, partenaire clé des Etats-Unis dans la région tandis que l'Egypte, négociateur engagé avec le Qatar dans le cessez-le-feu à Ghaza, en recevrait des dividendes. Le Caire qui traverse une crise économique aiguë avec 155 milliards de dollars de dette extérieure mettrait avec ce plan des dizaines de grandes entreprises égyptiennes dans le chantier, sans pour autant compromettre sa relation avec les Etats-Unis qui lui allouent 1,5 milliard de dollars, chaque année, comme aide militaire.