Un autre géant de la presse nous quitte. Le moudjahid Mahieddine Allouache, ancien rédacteur en chef d'El Moudjahid et chef de bureau de l'APS à Madrid, a tiré sa révérence, lundi dernier, à l'âge de 87 ans. Il a été inhumé, hier, au cimetière de Baïnem, en présence d'une foule trés nombreuse venue lui rendre un dernier hommage. Compagnons de lutte, confrères de la presse, personnalités politiques et sportives étaient là, tous profondément émus par la disparition d'un homme humble et d'un patriote engagé. «Le défunt a toujours fait preuve d'une grande disponibilité, servant son pays avec loyauté, d'abord en tant que maquisard, puis en qualité de journaliste et rédacteur en chef au sein du quotidien El Moudjahid, organe suprême de la révolution», rappelle, avec beaucoup d'émotion, Ahmed Fattani, le doyen des éditeurs algériens, qui a longtemps côtoyé celui qu'il considérait comme un grand frère. Dès son jeune âge, nourri par un profond sentiment nationaliste, Mahieddine Allouache rejoint les rangs de l'ALN et se distingue au sein de la Wilaya IV historique, sous les ordres du colonel Youssef Khatib. Lors de la «crise des wilayas», qui a marqué l'été de 1962, il joue un rôle clé en tant que porte-parole des wilayas III et IV historiques, devenant un interlocuteur incontournable des journalistes étrangers couvrant les premiers jours de l'indépendance de l'Algérie. Son nom résonne alors dans tous les milieux médiatiques et s'inscrit en lettres d'or dans l'histoire du pays. Aujourd'hui encore, son engagement demeure gravé dans la mémoire nationale, cité dans de nombreux ouvrages consacrés à la révolution, à travers des articles et des témoignages retraçant son parcours. Il contribue d'ailleurs, avec Yves Courrière, à l'écriture de la célèbre série La Guerre d'Algérie (quatre volumes), où l'écrivain-journaliste le mentionne en bonne place. Après «l'été de la discorde», celui qui était alors lieutenant de l'ALN choisit de poursuivre le chemin qui a toujours été le sien: l'écriture. Il embrasse une carrière journalistique, débutant à la revue El Djeïch, l'organe de presse de l'armée, avant de rejoindre El Moudjahid, où il occupera le poste de rédacteur en chef. Il y travaille aux côtés d'un autre Moudjahid, Noureddine Naït Mazi, l'un des pères fondateurs de la presse algérienne après l'indépendance, disparu le 14 avril 2016. «Apprécié et respecté de tous ses confrères, il était réputé pour sa gentillesse, sa bonhomie et sa grande courtoisie», souligne Ahmed Fattani. Pour les jeunes journalistes, Mahieddine Allouache était plus qu'un mentor: il incarnait la figure du grand frère. Parmi ceux qu'il a inspirés, figurent de nombreux noms du paysage médiatique algérien, tels qu'Ahmed Fattani, Rachid Lourdjane, Azzedine chabane, Omar Belhouchet, Hamid Tahri, Omar Berbiche, Mokrane Harhad, Youcef Zerarka et l'ancien Ministre Nacer Mehal. Au-delà de son amour de la presse, Mahieddine Allouache nourrissait une véritable passion pour son club de coeur, l'USM Alger. «Il fut même l'un des premiers dirigeants du club, après l'indépendance. Ses amis ne manquaient jamais de le taquiner, surtout lorsque son équipe traversait des moments difficiles, notamment lors des derbys face au MCA», se souvient avec une grande nostalgie, Ahmed Fattani. Aujourd'hui, Mahieddine Allouache nous quitte pour toujours, mais son héritage demeure vivant à travers les récits et les souvenirs de ceux qui ont eu la chance de croiser sa route. Repose en paix, Si Mahieddine!