Au moment où la situation dans les provinces de Lattaquié et Tartous semble s'apaiser, la présidence syrienne a annoncé, hier, la conclusion d'un accord pour intégrer au sein de l'Etat syrien toutes les institutions relevant des Kurdes, jugeant qu'il s'agit là d' «une étape positive vers une solution négociée et pacifique pour l'unification de la Syrie» et une «garantie» des droits et intérêts kurdes. L'accord a été signé lundi par le président par intérim, Ahmad al-Chareh, et le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, Mazloum Abdi, et il devrait entrer en vigueur avant la fin de l'année. L'administration kurde des FDS-YPG, alliée du corps expéditionnaire américain dans la région pétrolière et gazière de Deir Ezzor, contrôle une «zone autonome» depuis 2014, à l'Est de la Syrie. Son bras armé, les FDS, sont ciblés par la Turquie qui les accuse d'avoir partie liée avec le PKK. Créée dimanche en toute hâte par la présidence syrienne pour faire face à la grave détérioration de la situation au nord de la Syrie où des combats meurtriers ont opposé les forces de police secondées par les membres des groupes islamistes au pouvoir aux fidèles du président déchu Bachar al Assad, la commission d'enquête a commencé son investigation sur les exécutions sommaires de centaines de civils alaouites dans les gouvernorats de Lattaquié, Tartous et, à un moindre degré, Hama. Elle s'est dite «déterminée» à faire respecter la justice et «empêcher les représailles» extrajudiciaires, aux dires de son porte-parole. «La Nouvelle Syrie est déterminée à garantir la justice, à faire prévaloir l'Etat de droit, à protéger les droits et libertés de ses citoyens, empêcher toutes représailles extrajudiciaires et à garantir l'absence d'impunité», a ainsi affirmé, lors d'une conférence de presse tenue à damas, le porte-parole de la commission d'enquête, Yasser al-Farhane. Depuis jeudi, jour où les violences ont culminé et où les images de scènes atroces ont envahi les réseaux sociaux, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (Osdh) a identifé, grâce à son réseau d'alerte dans la région, au moins 1 093 civils tués, pour la plupart membres de la communauté alaouite à laquelle appartient l'ex-président Bachar al Assad. Il s'agit, affirme l'ONG, de civils arrêtés et violentés, avant d'être froidement abattus par les «forces de sécurité et des groupes islamistes affiliés», dans les provinces de Lattaquié et de Tartous. Les tensions ont débuté le 6 mars dernier, dans un village à majorité alaouite de la province de Lattaquié, lorsque les forces de sécurité et alliés ont procédé à l'interpellation d'un ancien responsable du régime d'Al Assad. L'opération a tourné au carnage avec l'intervention de combattants alaouites armés qui ont mitraillé les forces de sécurité et les groupes extrémistes qui les secondaient. C'est à partir de là, commente l'Osdh, que les exécutions sommaires ont commencé et pris de l'ampleur au point que l'ONU a indiqué, hier, que dans bon nombre de cas, ce sont des familles entières qui ont été décimées. Prenant conscience de la gravité des évènements, la présidence syrienne qui cherche à calmer la situation face aux multiples condamnations émanant de nombreuses capitales a annoncé, hier, la création d'une commission d'enquête indépendante, chargée de faire la lumière sur toutes ces exactions. Elle doit remettre son rapport au président Ahmad al Chareh dans 30 jours tout au plus, après avoir «collecté et examiné toutes les preuves et rapports disponibles».