Couronnement logique d'un processus révolutionnaire et d'une succession d'évènements historiques, imposés de facto par une volonté de Libération nationale, les accords d'Evian ont cristallisé l'aspiration d'un peuple résolument engagé pour l'indépendance de l'Algérie. Dictés par une chronologie révolutionnaire inédite dans le monde contemporain, ces accords ont été l'aboutissement d'une guerre de libération nationale menée par le peuple algérien. L'annonce d'une révolution de Libération nationale, le 1?? novembre 1954, a pris de court la France et son armée coloniale. Au fil des années, la révolution gagnera en organisation, en force et en impact à travers des opérations militaires menées avec grande conviction et foi. Malgré les affres et les atrocités pratiquées par les sinistres généraux français, la révolution a réussi à porter des coups fatals à la France coloniale et à son armée. La naissance du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) en 1958, confère à la Révolution nationale un nouveau statut. Presque une année après, soit le 16 septembre 1959, le général de Gaulle, président français, sous la pression de la lutte armée des Algériens, esquisse un début de reconnaissance de la nécessité d'une solution politique à la colonisation.. Usant de propagande et distillant des récits et des affirmations fallacieuses, la France coloniale a été surprise par des réponses cinglantes de la part des Algériens, qui aspiraient à la liberté et à l'indépendance de leur pays. Des manifestations populaires éclatèrent le 11 décembre 1960 partout dans le pays, exprimant un rejet de la colonisation et de la présence de la France sur le sol de l'Algérie. Ces manifestations ont également exprimé le rejet de toute solution ou marchandage quel qu'il soit, en dehors de l'indépendance nationale, pure et simple. Les manifestations du 11 décembre 1960 qui ont constitué un tournant décisif dans le cours de l'histoire de la Révolution nationale, ont contribué à l'internationalisation et à la médiatisation de la question algérienne. Elles ont aussi démontré l'unité et l'attachement du peuple algérien à ses représentants et à son front de Libération nationale. Une année après, soit dans la soirée du mardi 17 octobre plus de 20 000 hommes, femmes et enfants se rassemblèrent pacifiquement pour défiler dans les rues de la capitale, afin de dénoncer la politique de colonisation en Algérie. La manifestation est violemment réprimée et des actes délibérés d'assassinats et de tortures étaient, alors commis contre les Algériens de France. La diaspora algérienne venait de signer de son sang, son engagement envers la patrie et son adhésion au mouvement de Libération nationale. Acculée par tant de volonté et de foi en la justesse de la cause algérienne, la France engage les premiers pourparlers officiels entre 1960 et 1961. Tout d'abord, ce sont des négociations secrètes qui débuteront en 1960 entre des représentants français et des chefs de la Wilaya IV historique du FLN. En janvier 1961, malgré les réticences de la France, notamment quant à reconnaître la légitimité du GPRA, des pourparlers officiels s'engagent avec les membres de ce dernier. Malgré l'acharnement des Français qui s'attachaient à imposer des formules creuses, comme le principe de l'autodétermination pour l'Algérie, les négociations seront renforcées par la réalité des actions menées par la révolution sur le terrain. À la suite de longs mois de pourparlers, les représentants du gouvernement français et du GPRA se réunissent à Evian pour finaliser les accords mettant fin au conflit. Au bout de ce processus âpre et difficile, qui a vu naître les premiers artisans de la diplomatie algérienne, les accords d'Evian seront paraphés par les deux parties, instaurant un cessez-le-feu dès le 19 mars 1962 ouvrant la voie large à l'indépendance de l'Algérie, officialisée le 5 juillet 1962.