Depuis plusieurs mois, rien ne va plus entre l'Algérie et la junte malienne qui n'a cessé de multiplier les provocations. Dernière en date, l'affaire du drone abattu par la défense aérienne de l'ANP, en toute légitimité, puisqu'il a bel et bien violé l'espace aérien de l'Algérie à des fins plus que suspectes. Une réponse face à laquelle les putschistes de Bamako ont de nouveau versé dans un délire fantasmatique, entraînant par la même occasion les deux autres pays membres de l'AES dans le «rappel des ambassadeurs». Très attachée aux règles de la réciprocité, l'Algérie a aussitôt répliqué, avant d'annoncer la fermeture de son espace aérien au provocateur manifeste. Ainsi, est-on passé des escarmouches plus ou moins mesurées aux manoeuvres tectoniques destinées à envenimer une situation lamentable, à bien des égards, si l'on considère les conséquences néfastes tant pour la sécurité que pour la stabilité de la région, En effet, depuis le coup d'Etat d'août 2020, et malgré les promesses répétées à l'époque, d'une transition circonstanciée, les putschistes ont multiplié les manoeuvres dilatoires pour s'affranchir des obligations que leur impose, bon gré mal gré, la Charte de l'Union africaine. Rivés à leurs intérêts strictement personnels et à leurs ambitions étroites, ils ont aggravé la situation dans laquelle se débat le peuple frère malien dont les épreuves ne cessent de croître face à un terrorisme florissant. Pourtant, ils avaient justifié leur «mission» au nom d'une prétendue mobilisation générale face à ce fléau et dans le seul objectif de ramener la paix, la sécurité, l'intégrité territoriale et la souveraineté dont a cruellement besoin le pays. Depuis, on en est loin, tandis que les fuites en avant se sont multipliées, comme cette charge fielleuse, en septembre 2024, du Premier ministre malien, Abdoulaye Maïga, à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies, contre l'Algérie, devenue, malgré elle, l'objet récurrent de la rancoeur et du dépit de la junte malienne. Aussi est-on passé, désormais, d'une période de turbulences, plus ou moins orientées, à une phase de tumulte dont le seul intérêt est de permettre à la junte de s'autolégitimer, malgré une illégitimité évidente. Or, le risque est grand d'une escalade, lourde de conséquences pour le Niger et le Burkina qui ne sont en rien concernés par les motifs clairs-obscurs de la junte malienne. Fort du pacte défensif inhérent à l'AES, les putschistes ont entraîné, dans leur fuite en avant et face aux inextricables défis du terrorisme qui prospère dans la région sahélienne, le Niger et le Burkina Faso avec lesquels notre pays n'a pas le moindre contentieux! La junte pilotée par Assimi Goïta dévoile au grand jour ses arrière-pensées et ses calculs hasardeux au moment où le peuple frère malien a le plus besoin d'unité, de paix et de développement. La perte d'un des trois drones Akinci, fabriqués par le constructeur turc Baykar et acquis en novembre 2024 au profit des FAMa (forces armées maliennes), pour un coût unitaire de 30 millions d'euros, résulte de cette errance et de cette irresponsabilité instrumentalisée par des «partenaires» très intéressés. Mais les antécédents en la matière ont démontré, depuis longtemps, que le mercenariat, fût-il celui de Bob Denar impliqué dans bon nombre de coups d'Etat, n'a jamais apporté le moindre bienfait au continent africain et, encore moins, à ses peuples! En définitive, l'incident de Tin Zaouatine est révélateur des outrances d'une junte qui recourt à des provocations pitoyables pour détourner l'attention du peuple frère malien en proie à des lendemains incertains.