Il faut convenir qu'il faut encore rester prudent et circonspect. L'extraordinaire poussée des services de sécurité a permis de neutraliser, en plusieurs points du pays et en l'espace d'un mois, une bonne centaine de terroristes et «affiliés» (réseaux de soutien, logistique, etc.). Cette poussée sécuritaire a, rappelons-le, fait suite à la fulgurante flambée de violence qui a sévi à Alger et sa proche périphérie. Cette alternance manichéenne des événements a été couronnée par l'arrestation de 14 hommes «responsables, disent les services de sécurité, de toutes les opérations terroristes survenues dans l'Algérois depuis une année», et qui représentent la presque totalité du groupe, deux hommes uniquement restant en fuite. On serait bien tenté de succomber à ce constat dressé par le procureur de la République, lequel se réfère aux très officiels procès-verbaux de la police et à la tendance du ministère de l'Intérieur. A deux mois des élections locales, ces événements tombent à pic, très à propos pour, d'abord, sécuriser la capitale, ensuite, faire pièce au terrorisme urbain, et, enfin, déblayer les espaces incongrus pour permettre adhésion et participation populaires aux prochaines échéances électorales, qui pointent à l'horizon. Coup sur coup, les services de sécurité ont apporté un démenti à la poussée terroriste, en neutralisant ses bras armés à La Casbah, Kheraïcia, La Chiffa, Relizane, Boumerdès, etc. en mettant en échec ses réseaux de soutien à travers plusieurs opérations spectaculaires. En un mois, le renseignement a fonctionné au quart de tour, et l'intervention des GIS, de la Bmpj, des services spéciaux ou des troupes d'élite a suivi avec dextérité. Les maillages entrepris au niveau des voies d'accès menant à la capitale, entrepris parallèlement avec le plan Delphine, élaboré par la Gendarmerie nationale, ont considérablement endigué le déplacement des GIA par route, comme ils ont réduit à néant les faux barrages que les groupes armés dressaient en pareille saison. Les points récoltés par les services de sécurité, tous corps confondus, sont très importants pour mettre à mal les plans terroristes concernant «la mise à feu et à sang de la capitale». Mais attention, le mal est par trop enraciné pour permettre de pavoiser. Dix ans de violence non-stop menée à la périphérie de la capitale ont créé trop de liens, trop d'enchevêtrements et trop de zones d'ombre pour que l'on se laisse griser par des points récoltés haut la main, aussi importants soient-ils. La fin de Antar Zouabri a donné, finalement, des effets plus médiatiques que sécuritaires. Ce que l'Algérois a vécu au lendemain du 8 février 2002 a été plus pénible que ce qu'on croyait. Et aujourd'hui encore, les 14 terroristes arrêtés sont loin du compte du général-major Fodil Cherif, qui estimait le groupe activant à Alger à trois personnes uniquement, avant que les événements de mai-juin ne nous montrent «en direct» que la capitale est traversée comme du gruyère par plusieurs réseaux terroristes autonomes. Aujourd'hui, il faut convenir qu'il faut encore rester prudent et circonspect. Les groupes armés, qui attendent aux portes d'Alger, sont encore inconnus, méconnus et certainement nombreux. Ce ne sont pas des cellules dormantes, mais bien des réseaux actifs qui restent autonomes, qui ne se connaissent pas entre eux, et qui vont encore essayer, le moment venu, de frapper.