C'est parti! Les violons sont accordés et le «la» est donné aujourd'hui, pour la symphonie électorale annonçant le renouvellement des 48 membres du Conseil de la nation. Plus de place aux fausses notes dans cette dernière compétition de l'année 2006, opposant les deux principales formations qui meublent le paysage politique algérien, le FLN et le RND. Le premier, comptant sur sa majorité au niveau local, ne jure que par le Conseil de la nation et le second, tout en mûrissant sa stratégie en silence, consolide ses relais dans les méandres de l'administration. La guerre est féroce entre les frères ennemis tant les enjeux sont nombreux et parfos, ils débordent le cadre strictement partisan. Les sénatoriales sont appréhendées comme une rampe de lancement pour les législatives de mai 2007. Le premier enjeu est la révision de la Constitution. Si tant est qu'elle soit souhaitée, l'amendement de la Constitution qui est une prérogative du chef de l'Etat, passe par le Conseil de la nation. Les procédures de révision constitutionnelle donnent, en effet, à la chambre haute un droit de veto. On se rappelle du niet catégorique opposé par Ahmed Ouyahia à la révision de la Constitution. Une majorité du FLN, au niveau de la deuxième chambre du Parlement ouvrira, directement, la perspective de la révision constitutionnelle sans le moindre doute de blocage. La crainte de voir le RND dresser ses sénateurs contre le projet de la révision, suggéré et défendu par le FLN, existait. Etant majoritaire, le parti d'Ouyahia avait cette latitude. Reporté pour des raisons de «priorités de la République», le dossier de la révision de la Constitution n'est pas encore clos. Il est fort probable qu'il soit remis au goût du jour, dès le début de l'année 2007. En attendant un compromis entre les différents segments du système, la guerre continue. Il faut constater, au passage, que dans cette joute politique, l'enjeu démocratique est loin d'être le premier souci des deux partis. Mais quels que soient les enjeux et les compromis, les deux partis restent vulnérables. Le FLN, qui a subi le premier couac quand 22 de ses élus ont dérogé à la règle de la discipline partisane, reste fragile malgré l'optimisme affiché par son secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem. Si on fait l'impasse sur les divergences entre élus locaux du parti qui, dans certaines localités font rage, il faut dire que sur le plan des alliances, le FLN n'a pas concrétisé grand-chose, du moins, officiellement. A présent, seuls le PT et le PRA ont annoncé leur alliance avec le parti de Belkhadem. Le résultat est maigre puisque les élus du PT ne se comptent qu'au niveau de quelques APW; quant à la représentativité du PRA, il va falloir, peut-être, la créer. Le travail entamé pendant des semaines sur le terrain par le FLN n'a pas abouti à faire rallier le FNA. Ce dernier représente 558 élus dans différentes APC et APW. Pour les indépendants, rien n'a été officiellement annoncé. Cela dit, les chances du FLN restent entières et tout se décidera à l'instant du vote et donc du comportement de ses militants qui ont goûté, ces dernières années, à la saveur de la rébellion interne. Pour sa part, le RND demeure fragilisé, surtout depuis qu'il a perdu la chefferie du gouvernement. A entendre discourir le porte-parole de ce parti, on croirait que le FLN est gagnant d'avance. Mais c'est sans compter sur les relais administratifs du RND et ses alliances en catimini. Depuis son limogeage de la chefferie du gouvernement, Ahmed Ouyahia a adopté la technique du roseau face à la bourrasque. Se plier, en attendant que le mauvais temps passe pour se redresser.