Le président du Cnes recommande une coopération et une ouverture sur les standards mondiaux. Comment peut-on évaluer la gouvernance en Algérie? Ce n'est pas si facile de répondre à cette interrogation. Car notre pays ne dispose pas encore d'un système d'évaluation. Un premier pas est fait afin d'y remédier. Et ce, en partenariat avec la Banque mondiale aux fins d'aller vers les standards internationaux en matière d'évaluation. La gouvernance est l'ensemble des normes et institutions à travers lesquelles l'autorité publique est exercée. L'Algérie, faut-il le dire, ne dispose pas d'indicateurs en mesure de transférer les donnes censées évaluer la gouvernance. Cette première tentative est née d'un protocole d'accord, signé au mois de février dernier, entre le Conseil national économique et social (Cnes) et la Banque mondiale. Mais est-ce que l'Algérie est prête à s'ouvrir aux organismes et organisations non gouvernementales (ONG) pour concevoir sa banque de données? C'est une question qui mérite d'être posée. Car le passif des ONG et leurs rapports sur l'Algérie fournissent matière à réflexion. Mohamed Seghir Babès, le président du Cnes, croit que l'Algérie est condamnée à travailler en collaboration avec les organismes et experts internationaux. Répliquant à notre question, hier à Alger, lors d'un séminaire consacré à la gouvernance, le président du Cnes a fait savoir qu'il «est temps que les ONG se remettent en cause et repartir à zéro». Et d'ajouter qu'«il est impératif d'aller ensemble jusqu'au bout des choses». Histoire de réclamer une remise à zéro des compteurs déclenchés, pendant la décennie noire, par certaines ONG contre l'Algérie. Il n'y a pas longtemps, c'est d'ailleurs l'un de ses slogans fétiches, Farouk Ksentini ne cessait de dire que certaines ONG ont fait beaucoup de mal à l'Algérie. Il parlait en connaissance de cause car il est homme de loi et président de la Commission nationale consultative de protection et de promotion des droits de l'homme. S'agit-il d'une réconciliation? Mohamed Seghir Babès n'ira pas jusque-là. Il se contente de dire qu'il est temps de remettre les compteurs à zéro. Il ne s'agit pas également d'une disponibilité à tolérer d'autres dérives. «Il faut construire un système d'évaluation national tout en s'ouvrant sur les standards universels». Ou encore, «il faut aller vers un consensus national pour instaurer des indicateurs et les mettre à niveau», explique le président du Cnes. La Banque mondiale, désormais partenaire du Cnes, faisait des études sur la bonne gouvernance, dans 213 pays et/ou territoires, depuis une dizaine d'années. Six indicateurs principaux sont pris en compte dans l'évaluation de la gouvernance. Il est question, primo, de la voix citoyenne et redevabilité ainsi que la stabilité politique et l'absence de violence. Secundo, il s'agit de l'efficacité du gouvernement et la qualité réglementaire. C'est en fait l'équation dite gouvernance économique. Quant à la gouvernance institutionnelle, deux autres critères sont pris en considération. Ce sont le droit et le contrôle de la corruption. En attendant d'atteindre la vitesse de croisière dans ce partenariat Algérie-Banque mondiale, Mohamed Seghir Babès a fait savoir qu'un premier rapport sera rendu dans quelques mois. Une question: est-ce que les institutions algériennes sont en mesure de fournir des informations fiables? Les organismes d'évaluation et de statistiques nationaux n'ont même pas les moyens de faire des sondages crédibles. Le président du Cnes recommande une coopération et une ouverture sur les standards mondiaux. Une volonté vient de voir le jour. «C'est déjà un pas en avant», à en croire Mohamed Seghir Babès. En attendant de fortifier la coopération avec la Banque mondiale. Le premier rapport est attendu dans quelques mois.