Le Maroc et une délégation sahraouie ont entamé depuis hier un round de négociations sous l'égide de Ban Ki-moon. «Pour négocier; il faut être deux». Telle est la devise du Front Polisario, en ce premier round des négociations à Manhasset, près de New York. Cela veut dire que le principe d'autodétermination, pour lequel lutte le front Polisario depuis plus de trente ans, est un principe intangible. Pour sa part, le Royaume marocain voudrait vendre à l'opinion internationale son projet d'autonomie. Cela reviendrait à considérer, dès le départ, que le Sahara occidental appartient au Maroc, et que c'est dans un geste de générosité qu'il accorde un semblant d'autonomie au peuple du Sahara occidental. Ce postulat de base vient donc fausser les données et brouiller les cartes. Raison pour laquelle l'Algérie, qui a un statut d'observateur à ces négociations, sous l'égide de l'ONU, (statut qu'il partage avec la Mauritanie), a déclaré, par la voix de M.Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, que l'Algérie suivait les négociations de près. Le précédent round des négociations qui avait eu lieu sous l'égide de James Baker, ancien secrétaire d'Etat américain, avait abouti au traité connu sous le nom des accords de Houston. Malheureusement, le Maroc a vite fait de renier ces accords. Le chef de la délégation sahraouie, M.Khedad, a déclaré que l'autodétermination appartient au peuple sahraoui et que nul n'est en mesure de faire des concessions sur cette question «qui relève de sa souveraineté. C'est uniquement le peuple sahraoui qui peut en décider» ajoutant que «si le Maroc insiste à ce que son projet d'autonomie sous souveraineté marocaine soit le point de départ des négociations, il les condamnera à l'échec.» Allant plus loin, le responsable sahraoui déclare, qu'en cas d'échec des négociations, les «Sahraouis seront obligés de se défendre par leurs propres moyens, et par conséquent, de revenir à la lutte armée». Durant ces dernières années, la situation sur le terrain se signale par la multiplication des manifestations populaires des militants sahraouis, manifestations vite étouffées dans le sang. Cette radicalisation de la répression est dénoncée dans le monde entier par les militants des droits de l'homme. De nombreuses associations, notamment en Espagne, ancienne puissance coloniale, ont fait entendre leurs voix pour demander au gouvernement espagnol de respecter son statut d'ancienne puissance occupante pour aider à une solution juste et durable de ce conflit, dans le sens de la décolonisation et du principe des peuples à l'autodétermination, conformément au droit international. A rappeler enfin, que ces négociations sont le résultat de la résolution 1754 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée le 30 avril dernier, qui a appelé les deux parties à engager de bonne foi, et sans conditions préalables, des négociations directes sous les auspices de Ban Ki-moon, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'expression de l'autodétermination du peuple sahraoui. Le même Conseil de sécurité avait demandé au secrétaire général des Nations unies de lui présenter, d'ici au 30 juin, un rapport sur l'état de ces négociations sous ses auspices et des progrès réalisés. Commencées, hier lundi, dans la région de New York, ces négociations doivent reprendre aujourd'hui. On en saura certainement beaucoup plus à partir de ce soir. Nous ferons le point à ce moment pour voir s'il y a des progrès dans les discussions et si les deux parties sont parvenues à un compromis acceptable. Dans le sens de l'autodétermination du peuple sahraoui.