Décidément rien ne va plus dans la maison FLN. La situation organique du vieux parti se complique davantage. Et le dénouement n'est pas pour demain. Après les sorties bruyantes des factions de Abid et de Fréha, l'association des résistants et des ayantsdroit d'Oran ouvre le troisième front. Ce front est focalisé autour des élections locales. Ainsi, joignant l'acte à la parole, les ayants-droit annoncent leur participation au futur scrutin. Les camps de Abid et de Fréha ont tranché sur la question. Cette troisième faction quant à elle se démarque des deux parties: les résistants faussent tous les calculs. Une mouhafadaha à deux têtes et un troisième larron, cela fait trois forces prétendantes qui vont inéluctablement se disputer le terrain. Une guerre ouverte sur trois fronts est donc déclarée. La situation n'a pas beaucoup évoluée. Les élections locales revêtent une importance capitale. Dans une longue déclaration, dont nous détenons une copie, les résistants ont souligné que leur rôle est important. «Les membres de l'association se considèrent comme une des principales catégories sociales...». Les élections étant la finalité, les rédacteurs du document recommandent d'accélérer l'officialisation des structures du parti dans les wilayas. Une structuration qui se base sur un choix fait par les militants et cadres dont ils (résistants) s'estiment partie prenante. Ils argumentent leur sortie par leur unique souci qui est le devenir du développement dans le cadre du programme du président. Sur ce plan, les résistants d'Oran insistent pour qu'ils aient un rôle prépondérant. «Nous insistons pour que nous ayons un rôle déterminant dans le choix deshommes et des femmes appelés à servir notre ville...» ont-ils dit. À la lecture de la déclaration, ils laissent croire que les dernières législatives ont été fatidiques pour le FLN. Cela dit, ils appréhendent une nouvelle édition de l'opération qui a caractérisé l'élaboration de la liste des candidats pour les législatives: «Choisir parmi les militants de la ville d'Oran une direction du parti...» Cette sortie des résistants d'Oran constitue de fait un précédent, car les résistants ont marqué un silence total depuis que les dissensions caractérisent le FLN. Seulement, les voila prendre le devant de la scène politique. Plus que ça, les résistants ouvrent le feu sur Abdelaziz Belkhadem. Ils le désignent à l'origine de la situation actuelle et de la déliquescence qui a gagné le FLN. «Nous avons remarqué que depuis le congrès que vous avez institué, le Congrès de la réunification et du rassemblement, des actes qu'on ne peut qualifier de duperie et de tromperie perpétrées à l'encontre des militants du parti et de ses cadres dans cette wilaya...» indiquent-ils, ajoutant: «Car vous n'avez pas porté un intérêt considérable à la restructuration du parti sur des bases démocratiques conformément aux statuts, au règlement intérieur et aux résolutions adoptées au cours de ce congrès». Comme ils n'ont pas hésité à le mettre en garde contre ce qu'ils qualifient de manipulations qui, selon les résistants, portent atteinte au parti. Le mettant devant le fait accompli, ils lui font endosser toute la responsabilité qui pourrait en découler: «Dans le cas contraire, nous vous faisons endosser l'entière responsabilité devant Allah, tous les militants et l'histoire des conséquences des choix non étudiés...». Cette mise en garde est aussitôt suivie par une menace: «Et l'on ne se taira pas face aux gabegies qui porteront atteinte à nos estimables sacrifices d'hier». Ces mises en garde ont été précédées par une lecture détaillée de la situation qui prévaut au niveau de l'instance FLN d'Oran, selon l'Association des résistants et des ayants droit d'Oran.