Anges ou démons? Les jeunes désespérés, s'adonnent à un jeu à haut risque au large de la Méditerranée. C'est un véritable drame qui ne cesse de prendre une tendance inquiétante. Un véritable déferlement. L'émigration clandestine est en passe de prendre la forme d'un changement de société. Signe de ce casse-tête, un bilan de plus en plus lourd. 21 affaires ont été traitées durant les sept premiers mois de l'année en cours. 243 personnes ont été arrêtées à la suite des 21 affaires traitées. Ce n'était qu'un serpent de mer qui animait les débats médiatiques et de société. Le fléau est à l'origine de plusieurs noyades au large de la Méditerranée et à l'emprisonnement de quelque 199 personnes en sept mois seulement. Ces statistiques qui nous ont été fournies par les services de la Gendarmerie nationale reflètent une tendance à la hausse de ce fléau. A l'ouest du pays, à Oran surtout, Aïn Témouchent, Tlemcen et Mostaganem, l'émigration clandestine vers l'Espagne commence à prendre l'aspect d'un déferlement vers ce pays à partir de nos côtes. Un nombre important d'émigrants interceptés aussi bien par les services de la Gendarmerie nationale, que ceux des gardes-côtes ou alors en terre espagnole a été enregistré. 714 Algériens ont été interceptés durant l'année écoulée. A en croire la Gendarmerie nationale, certains points au niveau de la côte oranaise demeurent des points de prédilection de départ des émigrants vers l'Espagne. Il s'agit notamment du Cap Blanc, Cap Falcon, Coralez, Cristel, Nedjma (Oran), Sassel, Bouzedjar, El Ouardania, Terga, El Hillel, Madagh, Rechgoune, Béni Saf (Aïn Témouchent). Ainsi, après un semestre au rythme très soutenu, l'émigration clandestine a été quelque peu ralentie suite aux moyens mobilisés par la Gendarmerie nationale et les gardes-côtes. Problème: le fléau touche directement les jeunes âgés entre 18 et 29 ans. Des 243 individus arrêtés durant les sept premiers mois, 173 sont âgés entre 18 et 29 ans. Les 29-40 ans, sont moins nombreux mais toujours présents. Ils sont quelque 62 personnes arrêtées qui entrent dans cette fourchette d'âge, tandis que huit autres individus ont plus de 40 ans. Des 243 individus arrêtés, seuls 44 ont obtenu une liberté provisoire. Train d'enfer. Les bilans tendent à s'alourdir. Huit affaires parmi les 21 recensées ont été traitées dans la wilaya d'Oran, 4 à Aïn Témouchent, 5 à Tlemcen et 2 à Mostaganem. Selon les informations recueillies, le mode opératoire est simple. Des jeunes se regroupent en équipe homogène de 10 à 15 personnes de diverses régions dont l'âge varie entre 18 à 35 ans. Ces individus cotisent l'achat de l'embarcation, estimé entre 400.000 à 800.000 DA, auprès d'un passeur. Ce dernier, selon des témoins, leur fournit l'embarcation, un GPS, une boussole de navigation et leur indique les données relatives au point de débarquement qui est dans la plupart des cas celui de Cabo de Gata (Almeria). L'acquisition de l'embarcation est effectuée auprès des propriétaires de petits métiers de pêche, «peu scrupuleux et cédant leurs biens dans des conditions douteuses», prenant le soin de ne laisser aucune trace pouvant justifier cette transaction illicite ou qui peut mener à lui. Ce pêcheur, indique-t-on, va jusqu'à faire de fausses déclarations de vol des embarcations, alors que celles-ci ont été vendues en bonne et due forme. Selon la Gendarmerie nationale, tous les GPS retrouvés et saisis jusque-là par les autorités espagnoles sur des embarcations arraisonnées, indiquent le même point géographique, à savoir Cabo de Gata (Almeria). Les émigrants choisissent cette destination qui n'est pas surveillée par la guardia des côtes de l'ouest d'Almeria et Granada, difficiles d'accès. Inscrit dans le registre du crime organisé, le phénomène de l'émigration clandestine à l'ouest du pays risque surtout de provoquer des vagues sur la surface d'une région rongée déjà par plusieurs fléaux liés à la contrebande.