Cette taxe «mal aimée» conduit au recul de la consommation donc à une baisse de production. Les capitaines de l'industrie algérienne rejettent fermement la décision de maintien du niveau actuel de la TVA annoncée samedi dernier par le directeur général des impôts, Rouya Abderrahmane, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III. Il avait en effet écarté toute révision à la baisse de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), la réaction des organisations patronales a été unanime. C'est un frein à la consommation et au secteur productif s'accordent-ils à confier à L'Expression. Pour Mouloud Keloufi, président de l'Agea (Association générale des entrepreneurs algériens), cette décision ne peut être qualifiée que d'instrument de «blocage, de non-aide à la croissance nationale, aux investissements et à la production/ consommation». Il souligne que l'association qu'il dirige avait déjà proposé une baisse de la TVA dans le secteur du bâtiment, travaux publics et hydraulique (Btph), de 17% à 5% pour booster le secteur et diminuer ainsi le coût du mètre carré du logement tout en favorisant la réalisation du programme du président de la République du million de logements. Cette baisse a été également proposée dans tous les secteurs afférents à cette activité. Entendons par-là, les équipements lourds comme les engins de gros travaux et tous les intrants de menuiserie, de plomberie...et des matériaux de construction dans leur ensemble. «La flotte de véhicules de service des entreprises pourrait être ciblée pour leur faciliter la tâche tout en procédant à leur propre mise à niveau.» L'Agea avait même proposé une diminution de 10% de la TVA sur l'achat de véhicules neufs par des particuliers pour une durée déterminée de 2 ou 3 ans pour encourager la circulation des capitaux, ce qui engendrerait d'autres sources de revenus à l'Etat. Pour le SG de la Cgea (Confédération générale des entrepreneurs algériens) Mahfoud Megateli, «cette mesure ne peut que freiner la consommation et mener à la stagnation de la production». La TVA, rappelle-t-il, est reversée aux impôts. Sa baisse aiderait à relancer la consommation à travers une diminution automatique des prix des produits de première nécessité comme les produits maraîchers, céréales, légumes secs et produits laitiers qui connaissent actuellement une envolée. Celle-ci ne pourrait être un tant soit peu maîtrisée sans une révision du taux de la TVA, a insisté le SG de la Cgea. En 2006, on s'acheminait déjà vers moins de flexibilité en matière d'exonération et à l'époque le DG des impôts du ministère des Finances, Mohamed Bouderbala, avait souligné à la presse la nécessité de revoir certaines taxes à l'image de la TVA et l'IRG qui sont respectivement de 17% et 40%. Il avait déclaré en outre que près de 400 milliards de dinars provenaient des recettes de la TVA, une source de revenus loin d'être négligeable pour l'Etat et à laquelle toute substitution est difficile à penser. Pourtant, selon l'Agea, pour répondre aux exigences de la globalisation et faciliter la mise à niveau des entreprises algériennes «la baisse de la TVA est le préalable à toute augmentation des salaires des travailleurs», ce afin d'encourager les entreprises, particulièrement celles activant dans le secteur du BTP, à recruter massivement la main-d'oeuvre.