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Le consommateur préfère le «made in»
MALGRE LA FLAMBEE DES PRIX SUR LE MARCHE
Publié dans L'Expression le 04 - 03 - 2008

Une sérieuse mise à niveau des PME est impérative pour hisser notre production alimentaire à un niveau supérieur.
Mais où allons-nous donc avec cette frénésie d'acheter des produits qui viennent d'ailleurs? Est-elle justifiée? Une courte virée dans les super- marchés et supérettes qui foisonnent chez nous, pays consommateur par excellence, nous renseigne un tant soit peu sur ce phénomène.
On produit si peu, ou pour le moins insuffisamment, pour satisfaire une population, il faut le dire, sortie de nombreuses périodes de pénurie après l'Indépendance du pays ou même d'abstinence tout au long de la période coloniale, ce, pour les plus âgés qui se souviennent encore...
Accostés par L'Expression, des ménagères ou des pères de famille avisés appartenant à la classe moyenne, donc aux revenus modestes, se sont déclarés «piégés» par leurs salaires. Ils ne peuvent plus répondre à une offre supérieure à leur pouvoir d'achat. Cette catégorie de citoyens répertorie avec parcimonie ses achats en fonction d'un pouvoir d'achat misérable qui rétrécit comme une peau de chagrin, pour utiliser le vieil adage. Cette frange de citoyens sait choisir, elle a du goût, elle est connaisseuse, mais elle souffre de ne pas pouvoir le faire. Acheter un meilleur produit ou article d'importation mais à des prix inaccessibles, ou alors se contenter du produit local avec des qualités beaucoup moindres et parfois douteuses?
Des pâtes locales à 70 DA le kg ou d'importation à 90 DA/kg? Une différence qui frise quand même les 30%, pour avoir des spaghettis «made in» qui ne «collent» pas et que, «toute la famille apprécie à table, même les plus âgés», martèle une mère de famille abordée dans une supérette. Restent certains produits «conditionnés» ou même vendus au poids, utilisés pour des plats nationaux, tels que le couscous, le berkoukès, la rechta...qui sont fabriqués chez nous et dont on ne peut se passer.
Les produits laitiers connaissent le même engouement. Le conditionnement et la chaîne du froid du produit local laissent à désirer. Ils sont loin d'être parfaits. Les différences de prix sont contraignantes pour le porte-monnaie. Jugez-en vous-même. Les prix des camemberts d'importation, au goût naturellement autre bien sûr, car «d'origine», tout comme notre couscous est meilleur que celui d'ailleurs, varient entre 175 et 320 DA la boîte. Le prix de la boîte de 8 portions de fromage à tartiner importé, gravite autour de 100 DA, le même produit local revient à 55 DA et au poids à 400 DA/kg. Les jus de fruits et sirops n'échappent pas à cette «règle» dirions-nous, lorsqu'on constate que le produit d'importation coûte 50% plus cher que celui produit localement.
Dans cette catégorie, les produits des Emirats arabes unis (UEA) inondent les étalages. Ils atteignent 145 DA le litre et 240 DA le contenant de 2 litres. De nombreux parfums sont offerts comme la mangue, la banane ou la noix de coco tout comme les produits algériens, d'aussi bonne qualité, qui sont proposés à environ 50% moins cher. Quoi que l'on dise, quoi que l'on pense, il est indéniable que le consommateur algérien moyen est aujourd'hui conditionné dans ses emplettes quotidiennes par son pouvoir d'achat. Il ne faut pas se leurrer.
Les offres en denrées alimentaires sur le marché sont satisfaisantes. Qu'elles soient importées ou locales, elles sont abondantes.
Il faut cependant relever que les matières premières nécessaires à la production de la plupart des produits sont importées, ce qui fausse quelque peu les prix de l'offre locale. Il n'en demeure pas moins que ce sont seuls les revenus du citoyen qui ordonnent ses propres achats. On peut classifier sommairement en trois catégories les consommateurs algériens. Celle «hors catégorie» qui achète et consomme beaucoup, sans compter ni apprécier, et encore moins choisir en fonction des prix affichés. Elle se contente uniquement de vérifier l'origine du produit. S'il est «made in», il tombe dans le panier sinon...et ainsi de suite pour tous les produits qu'ils soient alimentaires, vestimentaires, cosmétiques ou autres...Une autre classe, «moyenne» celle-ci composée de fonctionnaires, de petits commerçants, d'artisans ou de retraités. Et en dernier lieu, la catégorie des «pauvres», que l'on peut dire sans se tromper, qu'elle se démène dans une misère déguisée qu'elle dissimule dignement par humilité et fierté...
La mise à niveau des PME productrices de denrées alimentaires est impérative au moment où l'Algérie négocie son accès à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et après l'Accord d'association avec l'Union européenne (UE), lequel accord a déclenché une forte concurrence avec les produits d'importation.


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