Il y a des cercles occultes qui entretiennent la confusion. «Le bicéphalisme, érigé en règle au sommet du pouvoir, empêche toute gestion rationnelle des affaires de la nation» «Pourquoi au lendemain de l'annonce par le Président des mesures d'apaisement, une vague de répression sans précédent s'est-elle abattue sur les populations?» La porte-parole du PT avait l'embarras du choix des exemples pour mettre en exergue ce qu'elle qualifie de «bicéphalisme» au sommet de l'Etat. Pour Mme Hanoune, qu'il s'agisse de la gestion de la crise de la Kabylie ou de celle des affaires économiques du pays, il y a des cercles occultes qui entretiennent la confusion et le pourrissement. Ce sera d'ailleurs l'un des thèmes de sa campagne électorale. «Notre but est de défendre le cadre national que certaines forces veulent jeter à bas(...)». A partir de la situation qui prévaut en Kabylie, Louisa Hanoune s'est longuement étalée sur les visées, a priori économiques, de certains cercles mafieux, que la partition du pays arrange. Mme Hanoune développe une lecture différente de celle des autres formations politiques en rejetant dos à dos pouvoir et mouvement des ârchs affirmant que dans la situation qui prévaut en Kabylie, «tout est manipulable». Au moment où le Président annonce des mesures exceptionnelles d'apaisement, de nouvelles provocations viennent relancer la colère et les émeutes. Cela dénote bien cette idée qu'il existe deux sources de décisions au moins au sommet du pouvoir, et que l'on oeuvre même à affaiblir les mesures d'apaisement régulièrement décrétées par le chef de l'Etat. La gestion totalitaire par les animateur du mouvement et la répression qui frappe ce même mouvement sert, en fait, selon la porte-parole du PT, les tenants de l'autonomie et la partition du pays. Pour mettre fin à cette spirale qui, à en croire Mme Hanoune, met en danger l'unité nationale, il est impératif d'aller vers plus de mesures d'apaisement et de mettre sur pied un véritable «débat général». La crise en Kabylie, qui ne trouve pas son dénouement après une année d'émeutes et de répression, cristallise parfaitement l'anachronisme dans la gestion des affaires de l'Etat. Selon Mme Hanoune, il y aurait même des tentatives de transférer les émeutes vers d'autres régions du territoire national. L'un des indices forts est d'abord l'établissement des différences entre les citoyens, par la promulgation de la médecine payante. Le pire c'est que cela vient du gouvernement. «Je vois en cela une volonté d'interdire aux citoyens de réfléchir(...) Ni le moment ni les conditions ne sont propices à ce genre d'aventure», conclut-elle. La contradiction dans les décisions devient encore plus dangereuse lorsqu'elle est ressentie au plus haut niveau de l'Etat, «elle met en danger l'existence de l'Etat». Aux yeux de la porte-parole du PT, la composante même du gouvernement consacre cette étrange bipolarité. A ce propos, elle explique que certains ministres sont à la source du problème, notamment ceux qui s'occupent de la privatisation. Ceux-là, dira-t-elle, ne sont curieusement pas issus du Parlement, c'est-à-dire des urnes. Cette bipolarité devient de plus en plus étrange lorsqu'elle est dénoncée indirectement par le Président lui-même qui, en s'exprimant jeudi devant les walis, disait ne pas être d'accord avec le projet de Chakib Khelil. Bipolarité ou bicéphalisme dans les centres décisionnels, la porte-parole du Parti des travailleurs a appelé Bouteflika à faire appel au peuple à chaque fois qu'il rencontre des entraves dans ses démarches. Cette manière d'impliquer les citoyens dans la gestion des affaires du pays peut donner plus de prérogatives au Président et lui permettre de mener à bien son programme. Ce qui veut dire que pour dénoncer le bicéphalisme dans les centres décisionnels du pays, Louisa Hanoune a appelé à ne plus tirer le tapis sous les pieds.