Les autorités devraient intervenir pour donner un coup de starter au développement de cette région et tendre la main aux populations. Il existe encore, de nos jours, des communes qui peinent à trouver le chemin qui mène au développement. A travers toutes les wilayas du pays, nombreuses sont ces localités, où toutes les conditions censées alléger la vie au citoyen, font grand défaut. La commune d'Ath Mansour, ou «Taourirt» comme préfèrent l'appeler certains nostalgiques, située à l'extrême - est de la wilaya de Bouira, figure sur la fameuse liste des municipalités auxquelles les autorités devraient se consacrer pour donner un coup de starter au développement local, et tendre la main aux populations, rongées par la lourdeur du quotidien. Sur une colline aux abords de la RN5, à une dizaine de kilomètres à l'est de la commune d'Ahnif, des dizaines, voire des centaines de maisons ont pris racine. Dominant la partie sud, les autres municipalités formant la daïra de M'chedallah, Ath Mansour, de par leur emplacement géographique restent à ce jour, une région fantôme de la wilaya de Bouira. Les habitants de cette région passent, tant bien que mal, leurs journées. Rien n'est mis à leur disposition pour, au moins espérer un changement. «Tout est rare dans cette bourgade. Je ne sais pas quoi dire, tout manque ici», nous confie un jeune travaillant dans une cafétéria qui donne sur la RN 5. «Les jeunes sont condamnés à errer à longueur de journée. On n'a pas où aller pour "tuer" le temps», ajoute ce jeune. Les jeunes se plaignent sans cesse et la seule infrastructure où ils peuvent se retrouver se situe en dehors de la ville, vers la sortie est. Sur la droite, la Maison de jeunes vous paraît à des centaines de mètres de la ville, soit à quelques encablures seulement de la forêt. Un endroit qui ne fait surtout pas le bonheur des centaines de jeunes et moins jeunes. Pour s'y rendre, cela coûte beaucoup pour quelqu'un qui habite la partie ouest de la ville. «Même si on parcourt quotidiennement toute cette distance pour atteindre la Maison de jeunes, il n'y a rien à faire, c'est juste des murs», dit un jeune, adossé à un mur avec deux de ses amis. Ils ont tous des diplômes, des qualifications qui leur permettent de décrocher un poste d'emploi, mais, comme c'est le cas pour la majorité des jeunes de cette localité, à leur grand désespoir, ils n'ont que les murs à raser. «Comment peut-on expliquer cette situation, au moment où la commune est dotée de quelques infrastructures pouvant résorber le chômage? Parlant de la station Sonatrach, on y trouve des employés venant de partout, et nous, les jeunes d'Ath Mansour, nous sommes privés de tout. Ce n'est pas raisonnable», tempête ce jeune qui entame ses vingt-huit ans sans pouvoir trouver un emploi. «Et le fameux programme d'insertion des jeunes, ici on n'a pas encore vu ses fruits», a-t-il poursuivi. Pour sa part, un autre jeune parle de sport et des athlètes issus de cette commune, qui ont excellé dans plusieurs disciplines, mais «ce n'est pas ici, à "Taourirt", car aucune salle de sport n'y est disponible. Nos jeunes préfèrent partir pour Alger, où ils trouvent des moyens adéquats», a-t-il ajouté. Le même avis, la même façon de voir les choses. Les plus âgés, eux aussi, ont leur lot de cette misère qui ne dit pas son nom. Ceux que nous avons rencontrés parlent du passé de cette commune. Un passé qui remonte loin. Rappelons que «Taourirt» était la première commune mixte de l'époque coloniale. Après le découpage administratif de 1984, cette région portait le nom d'«Ath Mansour». Appellation désignant l'ensemble des villages et bourgades. «Après l'Indépendance, la région avait toutes les chances d'être un modèle. Mais, au fil des ans, les choses ont beaucoup régressé», raconte un quinquagénaire qui semble garder en mémoire, les années où l'espoir d'aller de l'avant faisait vivre pas mal de personnes. «Il y a quelques années, les gens vivaient de la terre, de la culture de la pêche blanche et sa commercialisation représentait une véritable source de revenus pour des centaines de familles, et aujourd'hui, vous voyez vous-mêmes», en nous montrant de son doigt les terres où l'on cultivait ce fruit qui faisait la singularité de la région. «Il n'en reste rien», regrette cet homme qui a passé une vingtaine d'années de sa vie dans le travail de la pierre, autre activité principale pour des milliers de jeunes de la région. Une importante activité sur laquelle on devrait mettre la lumière, histoire de savoir comment une génération toute entière a survécu à sa faim grâce au travail de la pierre. La commune d'Ath Mansour, à l'instar de plusieurs municipalités de la wilaya de Bouira, accuse d'énormes retards en matière d'aménagement urbain. Ce que remarque tout usager de la RN5. On aurait pensé à un village, n'était la présence de quelques panneaux portant le nom de la commune.