Des centaines de millions sont partis en fumée sans qu'aucun coupable soit désigné. Ainsi, les services postiers de la wilaya de Tipasa, à l'instar des autres régions du pays, à l'orée de la mondialisation voire de la globalisation, vivent des moments difficiles au niveau de leur gestion et de leur fonctionnement. Perdant de sa superbe en matière de représentation au sein de la société la poste a même subi un revers certain au niveau de sa réputation. De ce fait, certains «problèmes» sont venus ternir son image principalement occasionnés par l'attitude négative et tendancieuse de certains responsables et agents dont l'objectif premier est de magouiller, de s'enrichir à moindres frais au détriment de la sacro-sainte loi de la morale et de la justice. Ainsi, les agglomérations les plus importantes de la wilaya telles que Hadjout, Koléa, et même Cherchell, ont connu des détournements de fonds avec abus de confiance et subtilisation de biens d'autrui. D'ailleurs, parmi les affaires les plus importantes, celle qui a défrayé la chronique de l'ouest de la Mitidja, c'est ce milliard 300 millions de centimes détournés par un inspecteur-contrôleur dont l'opération consistait à prélever des sommes sur les carnets Cnep/poste. Celui-ci, après l'enquête préliminaire et sa mise en liberté provisoire, s'est volatilisé. Plusieurs hypothèses sont émises: avait-il bénéficié d'une complicité, autant pour le vol que pour la fuite? La question reste encore posée. Cet état de fait a permis l'émergence d'émules qui, profitant de l'impunité, de la passivité ou du laxisme dans la gestion courante de l'institution, ont fait main basse sur des sommes de moindre importance, rapidement passées sous silence. Mais le coup fatal fut porté un jeudi après-midi, vers 15 h 40, une quinzaine de jours avant les élections législatives, où la bagatelle de 8 milliards ont été transférés sur un «compte-bidon» vers une commune de la banlieue d'Alger où sera prélevée la somme de 500 millions de centimes par un tiers inconnu, le samedi matin. Pour cette fois, une certaine forme de vigilance a permis à l'institution de récupérer le reste de la somme transférée indûment. Sur les faits, on fait porter le chapeau à un jeune vacataire dont le seul crime était de travailler, cet après-midi-là à cette heure. Il fut rapidement reconnu innocent. Mais les coupables courent toujours avec leurs complices; complicité d'un jour ou de toujours? Vérité, où es-tu? La ville de Koléa ne fut pas en reste car, elle, aussi, a connu des déboires à travers «sa poste». Parmi la multitude d'exactions et de turpitudes commises par certains agents en mal de gain facile et de richesse-express, il y eut l'affaire du détournement, à l'aide de cartes magnétiques (CIP), de retrait à vue sur distributeur automatique. L'opération consistait à prendre connaissance des numéros de code secret des CIP et faire des retraits substantiels sur les comptes de particuliers. Ainsi, moult affaires scabreuses n'ont pas encore connu de dénouement. Tout le monde s'inquiète, surtout les personnes âgées. Cependant, d'autres détournements se font sans que rien de visible n'ait été fait pour défendre l'argent du contribuable. La nouvelle recette de Tipasa n'est pas, elle aussi, en reste, de ce qui se passe dans les environs immédiats du secteur, alors qu'on aurait pensé qu'à proximité de la tutelle administrative, il devait y avoir plus de sérieux, alors qu'en réalité il n'en est rien. Il ne s'agit pas de détournement proprement dit, mais du traitement subi par les employés vacataires ainsi que leur droit à percevoir leur dû sans qu'ils soient méprisés, surexploités et enfin menacés de renvoi. Ils sont soumis à la loi du silence que les responsables du secteur appliquent. Au sein de cette structure, les vacataires sont placés aux guichets, contre toute réglementation. A ces postes de travail, on assiste à la circulation d'une masse importante d'argent, mise entre les mains de personnes qui ne peuvent être responsabilisées en cas de déficit: il nous a même été rapporté le cas d'une employée vacataire qui avait un déficit de plus de 45.000 dinars. Comment, dans ce cas, pourrait-elle rembourser? Surtout que la prime de caisse ne leur est même pas octroyée, car réservée aux permanents. A cette injustice s'ajoute le fait que ces vacataires ne sont rétribués que sur la base de 6500 DA par mois (en-deçà du Snmg) perçus, chaque 6 et 7 mois et quelquefois plus (plus d'une année pour certains). En outre, ni attestation de travail, ni attestation de salaire ne leur sont délivrées: simplement l'émargement sur un registre. Cependant, le plus dramatique, c'est que tous ces vacataires ne sont pas assurés, et cette situation est normale pour les responsables. Alors où va tout cet argent? Devant cette situation, certains vacataires se sont plaints à la Direction de wilaya, qui leur a opposé une fin de non- recevoir. S'étant présentés pour une audience auprès du DG, celui-ci refusa de les recevoir tout en les menaçant de les évacuer «manumilitari» et de procéder à leur renvoi en mettant fin à leur contrat: tout cela pour réclamer un droit, celui d'être payés (cela coïncidait avec l'Aïd El-Adha) et d'être assurés, à défaut d'être recrutés (des vacataires sont là depuis une dizaine d'années). Saisissant la justice, la tutelle administrative, les autorités de wilaya, la Direction régionale de la Cnas...,certains attendent un retour d'écoute, en vain. Le bruit court dans les rues de Tipasa que les P et T de Tipasa sont au-dessus des lois...