Pensée uniquement à travers le concept du «logement», la ville est en fait autre chose que cela... La question urbaine en Algérie est centrale et se trouve au coeur des mutations de la société et fait l'objet de toutes les préoccupations. L'essor considérable des villes «pieuvres» et surtout «inhumaines et sans âme», interpelle tout un chacun. La construction d'une importante armature urbaine qui structure le territoire et organise la vie sociale et économique du pays amène les spécialistes à une réflexion particulière sur ce phénomène. A ce titre, l'université algérienne s'intéresse au processus de fabrication de la ville. Un chapitre difficile à cerner au vu des pratiques et us des habitants-citadins, leur façon d'être, de penser, leur comportement...qui regardent d'un air rébarbatif les projets urbains pensés par les décideurs dans le domaine de l'urbanisation à tout-va. Ainsi des universitaires, algériens et français, se sont penchés sur la question. Réunis, hier et avant-hier en un séminaire international à l'université Mohamed Larbi-Ben M'hidi d'Oum El Bouaghi, les participants ont souligné la volonté de l'université de «s'ouvrir sur son environnement socioéconomique.» La rencontre est destinée à «analyser les processus qui président à la fabrication des villes en Algérie», a affirmé Mohamed Chérif Addad, directeur de l'Institut de gestion des déchets urbains de l'université, organisateur du séminaire. Les processus qui président à la fabrication des villes en Algérie ont été passés au «peigne fin» lors de cette réunion pour mieux cerner la question et y intéresser les responsables de l'urbanisation du pays là où elle s'impose. La rencontre devrait également analyser, selon le même universitaire, les formes de structuration de la ville et leur évolution sous les effets des us et pratiques des habitants et des grands projets urbains engagés par les pouvoirs publics. Les divers aspects liés à la forme, à la fonction et au management de la ville ont également été abordés. Les communicants ont plaidé, lors de la cérémonie d'ouverture du séminaire, pour une ville conforme aux grands objectifs nationaux et aux principes de la ville durable avec «ses spécificités propres et ses traits architecturaux particuliers». Cette optique n'a cependant pas écarté la place de l'esthétique et du culturel dans la ville moderne ont estimé des intervenants. La rencontre donnera lieu à la présentation d'études de terrain effectuées sur certaines villes algériennes, notamment Alger et Constantine. Fustigée et décriée par les uns, objet d'une recherche d'un modèle idéal pour les autres, la ville est problématique pour tous et reste difficilement saisissable. La ville algérienne émerge, elle est le cadre réel de la vie pour le citadin. Traversée par ses contradictions, agitée par ses tensions, elle est l'expression des pratiques sociales les plus diverses. Elle est le support de l'activité sociale dans toutes ses dimensions, estiment des spécialistes. Pur produit des transformations de la société, la ville est aussi génératrice de profondes mutations sociales. Les réponses apportées se limitent hélas à la production d'infrastructures, de logements, d'équipements de base...omettant les aspects social et culturel qui peuvent remonter à loin dans le temps et l'espace. La gestion de la ville s'articule aussi autour d'une conception globale et de gestion de proximité, intervention sur le long terme et sur la quotidienneté.