La question, aux yeux de Djaballah, consiste à redéfinir les rapports de force entre les différents pouvoirs en place. Particulièrement sévère dans ses propos en abordant le sujet, le président du mouvement El-Islah a indiqué que «les trois pouvoirs en place ne font, le plus souvent, que de la figuration». Il n'en précise pas moins, à l'inverse de ce que disent la plupart des représentants de l'opposition, que «ces défaillances ne sont pas seulement dues à l'hégémonie qu'exerce l'armée sur les autres institutions, mais aussi et surtout parce que la Constitution algérienne est imparfaite, elle ne définit pas correctement les prérogatives des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire». Prenant à témoin des députés présents avec lui lors du débat, il ajoute qu'«aucun d'entre eux ne s'est senti véritablement parlementaire, représentant l'autorité populaire et s'exprimant et agissant au nom de celle-ci». Djaballah, poussant plus loin son raisonnement, ajoute que «même les rapports entre ces différents pouvoirs ne sont pas établis de manière claire et transparente». Aussi, précise-t-il que «si le mouvement El-Islah devait un jour accéder au pouvoir, il ne manquerait pas de commencer par réviser la Constitution afin de redonner leurs pleins pouvoirs aux différentes institutions du pays». Djaballah, qui admet porter «un programme à forte connotation islamique», n'en précise pas moins que son programme, sujet à toutes les formes de débat, «n'est pas le message de Dieu, et ne consiste pas à appliquer la chari'a, bêtement et méchamment comme tentent de le faire accroire certains détracteurs du mouvement». Dans le même contexte, et tout en continuant à se revendiquer de l'opposition, Djaballah nous a révélé que «M.Benflis n'a pas pris langue avec le mouvement El-Islah afin qu'il intègre la coalition gouvernementale». Et de préciser que «le mouvement avait pris le soin d'opposer son niet plusieurs jours avant que ne commencent les tractations autour de la formation du nouvel Exécutif national». Et de reprendre à son compte les thèses déjà développées par M.Abderrezak Mokri, député et membre de la direction du MSP: «Le FLN a la majorité pour gérer seul les affaires du pays. Il n'avait donc pas besoin de faire appel aux autres, sauf dans les cas délicats, intéressant au plus haut point le devenir de la nation. Il aurait dû s'assumer pleinement au lieu de chercher à contracter des alliances pouvant, à terme, lui jouer de mauvais tours». Quant à la vision de Djaballah par rapport au nouveau gouvernement, il est clair, pour lui, que «des reculs très nets sont observés par rapport à la réconciliation nationale, à la réforme de l'éducation et à d'autres sujets d'une sensibilité extrême».