Deux tendances s'affrontent au sein du parti de Moussa Touati: les simples militants et ceux qui sont friqués, appelés «s'hab shkara» dans le jargon local. La crise organique qui secoue le Front national algérien (FNA) a atteint un niveau gravissime ces derniers jours. Le fossé qui sépare la hiérarchie de la formation de Moussa et sa base militante s'élargit davantage. Le président du parti a échoué, jeudi, dans la restructuration de la base militante d'Oran. L'assemblée générale devant être sanctionnée par le renouvellement du bureau de wilaya a failli se transformer en affrontement. Les hostilités ont commencé quand deux députés du parti ont été empêchés de prendre part aux travaux de l'assemblée générale. Il s'agit de Mekhladi et Fathallah qui étaient accusés de tous les maux qui rongent le parti et traités de tous les noms d'oiseaux. Ainsi, bien avant l'entame des travaux, les deux députés, accompagnés de plusieurs personnes, ont été refoulés dès leur arrivée au cinéma El Feth, lieu qui a abrité l'assemblée générale. Un brouhaha et un vif tumulte s'ensuivirent. Dans l'enceinte de la salle de cinéma, un autre climat de tension a régné en maître des lieux. Les recommandations de Moussa Touati ont été mal accueillies par les présents, acquis dans leur majorité à l'exclusion des deux députés désignés. Devant le forcing opéré par Zerrouki Mohamed, membre du conseil national, le premier responsable du FNA n'a pu convaincre les présents quant à la nécessité d'ajourner la réunion et asseoir un climat de dialogue. A cette idée, les présents ont opposé un niet catégorique, et quelques-uns ont élevé la voix pour quitter la salle menaçant d'en découdre avec la hiérarchie supérieure du parti. La tension monta d'un cran et on en vint à l'invective, aux insultes et accusations gravissimes. Jamais formation n'a depuis l'ouverture du champ politique, connu des scènes aussi violentes proches de l'hystérie. Les déchirements qui continuent à terrasser le Front national ont atteint leur summum et «le reste est à venir» promettent les militant hostiles à la politique de Moussa Touati. Pour M.Touati, les débats internes de son parti doivent s'ouvrir à tous les militants et que le linge sale se lave en famille. Or, les militants de la wilaya d'Oran ne voient pas d'un bon oeil les recommandations du premier responsable du Fna. Selon eux, le même linge sale doit terminer dans la poubelle. Le FNA de Moussa Touati se retrouve désormais déchiré entre les militants pauvres et ceux friqués «jusqu'aux dents», appelés «shab shkara» dans le jargon local. Ces derniers réclament leur suprématie. Ce n'est pas tout. Une panoplie d'arguments a été vainement avancée lorsque Moussa Touati a suggéré l'ajournement de l'assemblée générale afin de permettre aux députés «exclus» d'y prendre part. Les récalcitrants sont allés jusqu'à accuser les deux députés d'avoir détourné les idéaux du parti et soutenu le candidat Bouteflika lors de la dernière élection présidentielle. En marge de la rencontre, le premier responsable du FNA a réitéré sa décision quant à la restructuration du bureau de wilaya d'Oran: «Je reviendrais jeudi prochain et j'assisterai à l'assemblée de renouvellement sans pour autant exclure quiconque...», a-t-il expliqué.