«De nouveaux groupes, formés par d'anciens détenus, oeuvrent à mettre la capitale à feu et à sang.» La recrudescence terroriste actuelle, sans précédent depuis au moins quatre ou cinq années, nécessitait forcément une explication à la mesure des terribles drames que sont en train de vivre les citoyens algériens, plus précisément dans la capitale et ses environs immédiats. Des sources militaires chargées de la lutte contre le terrorisme ont tenu à attirer l'attention des citoyens dans les colonnes de L'Expression sur «les dangers qui menacent la capitale et ses environs». Cette sortie, particulièrement technique, a permis de remettre les pendules à l'heure, de mettre un terme à des rumeurs persistantes visant à incriminer indirectement les services de la présidence de la République dans cette recrudescence terroriste et à expliquer ce qui se passe actuellement dans les maquis algériens. Nos interlocuteurs, donnant l'air d'être particulièrement bien informés des faits et gestes des groupes en action, indique, d'entrée de jeu, que «des attentats de très grande envergure sont à prévoir dans le courant de cet été». Ils ajoutent que «le retour des massacres n'est pas, non plus, exclu, dans toute la périphérie de l'Algérois et cela sans parler des attentats à la bombe qui continueront d'aller crescendo tout au long des mois à venir». Les groupes, qui ont largement trouvé le temps de s'organiser et de se préparer, n'espèrent rien moins que de mettre la capitale à feu et à sang. Les auteurs de ces nouveaux attentats, des groupes nouvellement formés à en croire cette source, ne sont pas les terroristes du GIA déjà connus, fichés, recherchés, et incapables de passer inaperçus en ville même après des années passées au maquis. Ce ne sont pas non plus les repentis de l'AIS qui se trouvaient dans les maquis au moment de la négociation de la trêve comme ont eu tendance à le faire accroire certaines voix dans le but manifeste d'incriminer indirectement la présidence de la République, et de faire échouer le processus portant concorde civile. Cette source, en revanche, parle des «katibate dormantes», qui ont fini par se réveiller. Ces dernières, indiquent nos sources, sont constituées des anciens détenus appartenant à l'AIS, non concernés et non convaincus par la loi portant concorde civile et qui en ont quand même bénéficié. «Nous avons toujours refusé de les qualifier de repentis classiques». Les «émirs» de l'AIS ne pouvaient pas sensibiliser des détenus sur le bien-fondé de la trêve et de l'accord y afférent. Un jour ou l'autre, beaucoup de ces anciens détenus devaient «reprendre du service», comme l'ont confirmé de nombreux rapports dressés en ce sens. «Dès leur libération, précise-t-on, nous avons commencé à les surveiller. Depuis quelques mois, une bonne partie d'entre eux a disparu comme par enchantement, ce qui conforte notre thèse que ce sont bien eux qui se trouvent derrière cette recrudescence.» Nos interlocuteurs ne manquent pas de souligner avec force le terrible danger que peuvent constituer ces groupes nouvellement formés, disposant de relais inconnus et de moyens, sans doute, importants puisque leur relation avec le réseau mondial d'Al-Qaîda n'est plus à démontrer, si l'on en croit les nombreux rapports établis par les services secrets occidentaux, notamment américains. Nul ne sait, en revanche, si une quelconque relation existe ou pas entre ces groupes nouvellement formés et les quelques phalanges du GIA encore en action. Dans le même registre, des journaux, bien informés, rapportent que le Gspc de Hassan Hattab, en collaboration avec les agents de l'organisation de Oussama Ben Laden, compte s'en prendre aux intérêts américains tant en Algérie que partout ailleurs dans le monde. S'agissant de l'attentat de Larbâa, des sources concordantes signalent que ce sont les repentis de l'AIS qui étaient visés. Le but final recherché, dit-on encore, est de pousser les anciens hommes de Mezrag, particulièrement intégrés dans la vie civile, à reprendre le maquis dans le but inavoué de faire échec au plan présidentiel portant établissement de la concorde nationale. Nos sources, dans le même registre, précisent que c'est cette crainte de plus en plus grandissante, qui se trouve derrière le renforcement de la sécurité dans et autour de la capitale. Des milliers de militaires, de gendarmes et de policiers quadrillent inlassablement le centre du pays à la recherche du moindre indice pouvant lui permettre de démanteler ces nouveaux réseaux. En vain. La vigilance demeure donc de mise, aujourd'hui plus que jamais.