La solidarité envers les détenus s'organise. Le passage devant la chambre d'accusation des délégués du mouvement né des événements du Printemps noir ce 22 juillet, constitue l'événement après une longue période où les actions de la coordination de wilaya se sont restreintes à des déclarations et à une crise interne. Arrêtés le 12 avril 2002, les principaux délégués des comités de Haïzer, Chaâbane Meziane, de Taghzout, Djaâffer Abdedou et de Raffour, Bounadi Oulaïd seront rejoints, deux jours plus tard, par Chourief du comité de Bouira et une semaine après par Aoudjit d'El-Adjiba puis Meziane Belkacem de la même commune. Emprisonnés à la maison d'arrêt centrale de Bouira, ces délégués avaient observé plusieurs jours de grève de la faim et organisés plusieurs actions visant à attirer l'attention sur leur sort. Dans la perspective de les assister, un collectif de 13 avocats s'était constitué et avait demandé la liberté provisoire surtout que les délais réglementaires de la détention provisoire avaient largement expiré. Les délégués recherchés, tel Hakim Kacimi, Toumi Mahmoud du CC M'Chedallah auraient été destinataires d'une convocation pour comparaître au même titre que leurs collègues de la coordination. Le magistrat instructeur, sur la base des rapports établis par la gendarmerie, signifiera aux prévenus les chefs d'accusation qui, selon les avocats, sont amplifiés et disproportionnés au regard des événements. L'atteinte à l'ordre public, l'outrage aux forces de l'ordre, voire l'atteinte à la sûreté de l'Etat sont des griefs passibles de la cour criminelle. Cette ampleur est perçue par les animateurs du mouvement comme «un abus caractérisé du pouvoir conféré à la force publique». Ils voient dans cette procédure «un moyen de réprimer un mouvement» que même le premier magistrat du pays a, dans ses discours, considéré comme légitime. Pour les animateurs encore actifs, rien n'arrêtera le mouvement et le «procès intenté contre les animateurs n'affectera en rien la détermination de la coordination à imposer la plate-forme d'El-Kseur». Dans cette perspective, un sit-in sera observé dans chaque daïra en signe de solidarité avec les détenus, mais surtout pour «dénoncer un procès politique où les victimes sont accusées d'un délit d'opinion ni plus ni moins». Les familles de ces prévenus ne comptent pas baisser les bras et envisagent des démarches pour libérer leurs enfants. Signalons que tous ces détenus sont des pères de famille.