Le texte de Abdelkrim Tazaroute et les photos restituent la vie et le parcours artistique du chanteur. L'Anep vient d'éditer dans la collection le Beau Livre, Guerouabi ou le triomphe du chaâbi de notre confrère Abdekrim Tazaroute, un ouvrage de bonne facture avec une mise en page aérée où la biographie du chantre du chaâbi s'offre aux lecteurs avec un choix de photos de Guerouabi et des lieux qui ont compté dans la vie de cet illustre artiste: l'Opéra, Belcourt, la Casbah et El Bahdja. Le texte de Abdelkrim Tazaroute et les photos restituent la vie et le parcours artistique de Guerouabi. L'ouvrage contient aussi deux poésies, en arabe et en français de deux célèbres qcid chantées par Guerouabi, El Harraz (Le cerbère de Ouicha) et Youm el Djemâa Khardjou R'yam (Vendredi, les gazelles font leur apparition). Dans son liminaire, l'auteur précise que la biographie consacrée à El Hachemi Guerouabi était pratiquement en maturation depuis 1986 et que sa version arabe, éditée aux Editions Colorset est parue en 2007 lors de la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe 2007» avant de souligner que son ouvrage «s'apparente alors à une séquence - une séquence qu'a imposée le deuil national ressenti à la suite de la disparition de cet immense artiste - et à un unanime hommage». Abdekrim Tazaroute note enfin qu'il s'est appliqué à ne s'intéresser qu'au phénomène Guerouabi dans la sphère de la chanson algérienne, tout en s'interdisant toute incursion dans la vie privée de l'artiste, si ce n'est pour découvrir que si le chanteur est crédible dans la majorité des chansons qu'il interprète, c'est parce que quelque part, il aura vécu, comme tout artiste digne de ce nom, sa vie, une vie d'artiste. De son côté, la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi qui a écrit la préface, note que «cet artiste (Guerouabi) imposant et respectueusement écouté par les fidèles et les nombreux connaisseurs du genre musical chaâbi, est scruté par l'auteur, dans un exercice intéressant, celui de faire rencontrer la personnalité de l'homme avec le talent de l'artiste.» On peut lire aussi dans la préface de Mme Toumi que cette biographie consacrée à Guerouabi est «une louable initiative, car elle procède d'un devoir de mémoire envers cet expert de la poésie chantée et d'une reconnaissance de son talent et de son oeuvre.» Il est, en effet, aisé de saisir dès l'entame de la lecture de l'ouvrage, que l'auteur est un grand fan de Guerouabi vu qu'il ne s'est pas contenté de restituer sa vie et son parcours artistique, voire de décortiquer tel un critique musical ses chansons, la fructueuse collaboration avec un autre génie de la chanson, Mahboub Bati, et de raconter quelques succulentes anecdotes parce qu'en filigrane on décèle qu'il prend fait et cause du choix de Guerouabi dans son option de procéder à un lifting du chaâbi. Abdelkrim Tazaroute rappelle, en effet, que cela n'a pas été sans risque pour Guerouabi parce que les autoproclamés défenseurs du chaâbi pur et dur ont crié au scandale, alimenté la chronique et tiré à boulets rouges sur Guerouabi dès qu'il a connu un phénoménal succès avec El Barah (C'était hier). Rares sont ceux parmi les adeptes du chaâbi pur et dur qui maîtrisent réellement la poésie, le melhoun, le sens des mots et encore moins toutes les métaphores des textes des poètes anciens. Ils constituent tout au plus un lot de fantassins que l'on dresse pour aller attaquer l'adversaire avec pour seule consigne: «Tous les coups sont permis.» A l'auteur de reconnaître, en effet, qu'effectivement Guerouabi ne manquait pas d'audace. «Il n'avait pas encore gagné le statut de cheikh qu'il a déjà entrepris d'opérer une rupture. Il débarque dans la sphère du chaâbi en trublion, la fleur aux dents, avec ses idées, son style, sa voix et son look». Ecrit en six chapitres, Le label Guerouabi, Les premiers pas, Les années El Barah, L'exil, La déchirure, L'unanime hommage et enfin L'ultime concert, Guerouabi ou le triomphe du chaâbi s'offrent, comme un véritable voyage en chansons dans Alger, la citadelle du chaâbi et dans l'histoire de l'Algérie. Comme dans un roman ou une fiction cinématographique, Guerouabi campe le personnage principal, il est le fil conducteur de cet ouvrage qui revisite l'histoire de l'Algérie et de son patrimoine musical. Guerouabi ou le triomphe du chaâbi est à découvrir et à lire. L'auteur, en parfait connaisseur de la sphère artistique et de la musique, a su au fil des pages, nous replonger dans cette ambiance des années El Barah.