«Pour les quinze à vingt années à venir, l'Afghanistan ne sera pas capable d'entretenir lui-même une force d'une telle nature avec ses seules ressources», a déclaré M.Karzaï. Le président afghan Hamid Karzaï a appelé hier les Etats-Unis à continuer à aider l'Afghanistan, en proie à une insurrection croissante, et qui n'aura pas les moyens financiers d'entretenir son armée et sa police pendant les quinze à vingt prochaines années. «Pour les quinze à vingt années à venir, l'Afghanistan ne sera pas capable d'entretenir lui-même une force d'une telle nature avec ses seules ressources», a déclaré M.Karzaï lors d'une conférence de presse conjointe avec le secrétaire américain à la Défense Robert Gates, arrivé le matin même à Kaboul. «Nous espérons que la communauté internationale et les Etats-Unis, notre premier allié, aideront l'Afghanistan à entretenir cette force.» Le secrétaire américain à la Défense a entendu la demande de M.Karzaï mais a immédiatement souligné que les Etats-Unis ne devaient pas supporter seuls ce fardeau. «Nous avons conscience qu'il va falloir du temps avant que l'Afghanistan ne soit capable d'entretenir ses forces de sécurité en totalité. Et, que ce soit 15 ou 20 ans, nous espérons que ce processus va s'accélérer», a déclaré M.Gates. «Les Etats-Unis ont clairement fait savoir à leurs partenaires internationaux que nous comptons sur eux pour qu'ils partagent cette responsabilité», a-t-il ajouté. Alors que le président afghan répète que les autorités ambitionnent de prendre le contrôle de la sécurité dans le pays d'ici à cinq ans, M.Gates a estimé qu'il s'agirait d'un «processus de plusieurs années». «Trois ans, deux ans, quatre ans, cela reste à voir», a-t-il dit, en rappelant que le président Barack Obama a annoncé la semaine dernière que les militaires américains entameraient leur retrait en juillet 2011. M.Gates était à Kaboul pour s'entretenir avec M.Karzaï et le commandement des forces internationales de la décision de M.Obama d'envoyer 30.000 soldats américains en renfort. Ce déplacement constitue la première visite officielle en Afghanistan d'un membre de l'administration Obama depuis l'annonce par Washington, il y a une semaine, de la rapide augmentation du contingent américain à 100.000 hommes, en vue de combattre une insurrection islamiste en plein essor. Le chef du Pentagone avait indiqué vouloir évoquer la formation de l'armée et de la police afghanes, pierre angulaire de la stratégie du président Obama, qui doit permettre à terme aux troupes étrangères de quitter le pays. M.Karzaï a déclaré dimanche à CNN que les Afghans voulaient reprendre les rênes de leur sécurité «le plus tôt possible», mais il a indiqué que deux ans seraient nécessaires pour entraîner les forces afghanes. M.Gates souhaitait aussi assurer Kaboul de l'engagement à long terme des Etats-Unis dans le pays, alors que la date d'un début de retrait dans un an et demi évoquée par M.Obama a provoqué l'inquiétude de Kaboul. «Nous comptons être leur partenaire pour longtemps», a-t-il indiqué aux journalistes avant d'atterrir en Afghanistan. M.Gates s'entretiendra par ailleurs avec des membres de l'état-major à la tête des troupes américaines et de l'Otan sur place. Le secrétaire à la Défense parlera notamment avec eux du défi logistique que représente l'arrivée d'importants renforts en Afghanistan, alors qu'il a signé vendredi l'ordre de déploiement d'une première vague de 17.000 soldats, attendus sur le terrain «d'ici à mars ou avril».