Le pays mise d'ici à 2014 sur une production annuelle de l'ordre de 50.000 tonnes d'olives, mais 2009 est une année sans olives. «L'année dernière nous avons produit 2700 litres d'huile. Cette année sur l'ensemble de ma propriété seuls deux oliviers ont produit...» Cette affirmation d'un paysan de la région de Chorfa résume la situation de l'oléiculture pour la saison actuelle. La région-est de la wilaya de Bouira reste l'une des parties de la wilaya productrice des olives et de l'huile. Dans le rapport annuel de la DSA, on mentionne 367.092 q de production. La moyenne est de 18 litres au quintal ce qui donne à la wilaya 6.607.656 litres d'huile. La cueillette qui a débuté depuis presque un mois déjà laisse penser que pour cette saison la production n'atteindra pas les 150.000 quintaux. Deux raisons sont à l'origine de ce manque. Comme chacun le sait, l'olivier produit abondamment une année sur deux. L'autre cause est à mettre à l'actif du climat. Le vent, la chaleur, l'humidité influencent cet arbre rustique millénaire, nous confie notre interlocuteur. Parce que la majorité des propriétaires d'oliveraies sont des paysans qui vivent de leurs productions et n'ont pas les moyens de moderniser cette activité familiale héritée de père en fils, aucune mesure pour remédier aux conséquences de la nature n'est ainsi prise. «Nous n'avons pas les moyens financiers pouvant permettre d'acquérir des techniques d'irrigation modernes. Nous ne pouvons pas, faute d'argent et de terres, renouveler nos plants», insistent-ils. Du côté des huileries, la crainte d'une saison ratée plane. A Ahnif, un investisseur a consenti un effort de 12 millions de dinars dans l'installation d'une huilerie ultramoderne. «Au départ, j'ai pensé à l'exportation surtout que l'huile de M'chedallah et de la vallée qui va jusqu'à Tazmalt est réputée pour sa qualité et a été primée au Salon de l'agriculture à Paris. Mon unité travaille à un rythme très en deçà de ses capacités parce que le produit manque. Pour tenter de rentabiliser notre installation, nous essayons d'acheter l'olive ailleurs pour au moins entrer dans nos frais...Ce manque à gagner aura une conséquence directe sur le prix de l'huile qui doublera peut-être...» Pour les petites huileries traditionnelles l'amertume et le regret sont moindres: «La situation est naturelle, nous y sommes habitués. L'année de l'abondance compense l'année du manque, c'est la loi de la nature...» Pour les responsables du secteur, en l'occurrence la DSA, la situation n'est pas aussi critique qu'on le pense. Dans les objectifs et les contrats de performance, la spécificité de l'oléiculture est prise en considération. «Aucune partie ne perdra dans l'affaire. La forte production de l'année dernière sera mise sur le marché pour stabiliser les prix mais surtout parce que l'huile est plus appréciée quand elle est ancienne. Les vertus médicales, diététiques sont importantes dans les huiles de plus de dix ans...», nous indiqua Madjid, propriétaire d'une huilerie à Toghza, commune de Chorfa. L'alternance de la production d'une année à une autre ne trouvera une solution qu'avec une organisation de la filière surtout que le pays mise d'ici à 2014 sur une production annuelle de l'ordre de 50.000 tonnes d'olives. La nécessité de poser les bases d'une production ordonnée et régulière dans un pays qui occupe le 6e rang méditerranéen se pose avec acuité. La récolte, l'extraction, le stockage, la commercialisation et la labellisation de la producton sont autant de domaines que le département de Benaïssa envisage d'organiser d'ici à 2014. La réunion des producteurs en associations structurées auprès de la Chambre d'agriculture de wilaya s'inscrit dans cette volonté de faire de l'huile un «or vert» surtout que l'ouverture du marché algérien et la prochaine adhésion à l'OMC sont une réalité qui impose à l'agriculteur en général et à l'oléiculteur en particulier l'obligation de se mettre au diapason de la concurrence ibérique, tunisienne, marocaine... En attendant une récolte plus abondante l'année prochaine, les petits producteurs tenteront de passer l'année avec les moyens du bord.