L'angoisse s'est enfin dissipée avec l'octroi par le ministère de la Culture du million de dinars qui manquait. Un homme de théâtre n'est jamais formé que pour une seule discipline. Cette situation devient de plus et plus évidente à l'heure de la mondialisation et des crises successives qui ébranlent la culture, en général, et le 4e art en particulier. Dans cette optique, la fondation Abdelkader-Alloula, se réveille pour essayer d'appréhender la société et le monde artistique dans leur ensemble: recherche de nouveaux repères académiques, analyse des phénomènes de groupe, nouveau positionnement vis-à-vis des voies de professionnalisation. Dès lors, le «projet» dans son acception devient nécessaire pour retrouver un équilibre au sein du 4e art. C'est l'histoire du projet pour la création du Centre de documentation et d'archives théâtrales. D'un coût estimé à 5 millions de dinars, l'Union européenne s'est proposé de le financer à hauteur de 80% (soit 4 millions de dinars). Mais l'Etat algérien, avec ses institutions, ses collectivités locales et tout le bataclan, rechigne à compléter les 20% restants. La présidente de cette structure, Mme Raja Alloula, a sollicité toute âme charitable, pouvant contribuer pour que ce projet voit le jour. Elle a écrit partout, en vain. Fort heureusement, les âmes sensibles à l'appel de l'art et celles de bonne volonté peuvent incontestablement faire beaucoup. Pour preuve, ce Centre de documentation et d'archives théâtrales (Cdat) a été mis sur pied, après une longue haleine, à l'initiative de la fondation Abdelkader-Alloula, a-t-on appris. Cette structure est domiciliée provisoirement au Centre culturel Seghier-Benali au quartier Ibn Sina (ex-Petit Lac). Elle a été créée avec le soutien financier de l'Union européenne et du ministère de la Culture. Dans un entretien accordé à l'APS, Mme Alloula, veuve du regretté dramaturge Abdelkader Alloula (1939-1994), a expliqué que le Cdat a pour objectif la sauvegarde et la valorisation du patrimoine du 4e Art. Le Centre en question devrait également rayonner comme espace de formation pour promouvoir le développement qualitatif des potentialités créatrices des jeunes talents qui évoluent au sein de différentes troupes théâtrales. Le Centre dispose, d'ores et déjà, d'un fonds documentaire comprenant plus de 800 ouvrages consacrés aux thématiques théâtrales, artistiques et culturelles, ainsi que de supports audiovisuels sur le parcours et l'oeuvre de Alloula et d'un press-book sur les artistes, les festivals et la critique. Cet acquis est, en outre, appelé à être enrichi pour constituer, conformément au voeu de Alloula, une banque de données à la mesure des attentes des chercheurs, des universitaires et de la presse. La création du Cdat avait été annoncée par Mme Alloula en septembre dernier à l'occasion d'un cycle de projection de pièces du regretté dramaturge, organisé à la cinémathèque d'Oran. La présidente de la fondation Abdelkader-Alloula avait alors exprimé son inquiétude de voir son projet ´´tomber à l'eau´´ si elle n'obtenait pas, à court terme, la somme d'un million de dinars. Sollicitant même les sponsors...Ceux-là, qui, malheureusement préfèrent les produits de consommation, n'ont jamais daigné mettre la main à la poche pour sauver un projet aussi déterminant pour la sauvegarde de notre mémoire dramatique. Chez nous, les industriels ne sont pas près de sponsoriser la culture. Car les marques ne sont pas des produits mais des idées, des attitudes, des valeurs et des expériences. Pourquoi ne pourraient-elles pas également constituer une culture «consommable»? D'autant plus qu'il ne s'agit plus de sponsoriser la culture mais d'être la culture. Et pourquoi pas? L'angoisse s'est dissipée par ce montant, qui a été finalement octroyé, à la bonne heure, à la fondation par le ministère de la Culture, ce qui a permis de faire aboutir l'initiative de création du Cdat.