L'Algérie n'arrive pas encore à tirer profit des opportunités de développement qui lui sont offertes. L'Algérie n'investit pas suffisamment dans le développement du secteur privé et elle subit les effets du manque de diversification de sa structure productive, laquelle aurait pu assurer une productivité plus élevée et atténuer les retombées de la crise sur l'économie réelle. Ce jugement provient du Forum euroméditerranéen des instituts de sciences économiques qui vient de publier son rapport sur le partenariat entre les pays des deux rives de la Méditerranée en 2009. A souligner que Slimane Bedrani, chercheur au Centre de recherche en économie appliquée du développement, a participé à la rédaction du rapport à côté d'autres universitaires de nombreux pays. Le rapport ne manque pas de rappeler que les exportations d'hydrocarbures représentent la quasi-totalité des exportations et constater que la richesse de l'économie en hydrocarbures ne pourra pas soutenir la croissance au-delà d'une trentaine d'années. La diminution du cours du pétrole a contribué à une chute de 42% des exportations au premier trimestre 2009 et fait prendre conscience de la nécessité de mettre en place un régime de croissance fondé sur la productivité et l'économie de la connaissance. Le dysfonctionnement n'est pas sans effet sur le chômage des plus jeunes, ce qui fragilise la structure sociale. Pour l'instant, la solution retenue s'est appuyée sur les devises obtenues par la commercialisation des hydrocarbures, permettant le financement de grands travaux, une couverture sociale et une consommation publique et des importations soutenues, est-il souligné. L'appel aux PMI-PME étant toujours insuffisant. En même temps, les autorités du pays ne sont pas prêtes à utiliser le choc externe, adhésion à l'OMC, avancée des accords d'association avec l'UE, à quoi on peut ajouter la Zone arabe de libre-échange, pour renforcer leur efficacité et dynamiser leur croissance. Ce constat a été établi récemment lors de l'assemblée générale de l'Association générale des entrepreneurs algériens, (Agea) présidée par Mouloud Kheloufi. En contrepartie, ils demandent aux pouvoirs publics des mesures de soutien plus fortes et plus efficaces. Le Femise observe des prémices de comportement protectionniste qui singularisent l'Algérie parmi les autres pays de l'Euromed. Il serait dommageable, selon la même source, que les réserves en devises considérables du pays conduisent à un relâchement dans le traitement des autres dossiers. Le risque est de ne pas atteindre les résultats escomptés dans l'attractivité des investisseurs étrangers et de la transformation du système financier pour préparer l'après-pétrole. Le rapport voit dans le sous-développement des secteurs non-pétroliers une opportunité pour les investisseurs étrangers. Cependant, l'environnement des affaires n'est toujours pas optimal et les réformes ont donné des résultats limités, se traduisant par de mauvais indicateurs de gouvernance, notamment en matière de corruption. D'autres freins à l'investissement sont relevés. Les investisseurs étrangers estiment toujours que le pays impose encore des taxes sur les profits exceptionnels des entreprises d'hydrocarbures du secteur privé, que ce soit dans des accords actuels ou futurs, ce qui constitue une barrière implicite aux investissements étrangers, selon le rapport. Les locaux sont-ils favorisés pour autant? Des propositions sont émises par le patronat visant la mise en place d'un crédit mutuel pour le financement des entreprises, rappelle l'Agea. Ce sont autant de mesures qui rejoindraient l'option de patriotisme économique mais dont l'efficacité n'est pas garantie en l'absence de concertation entre le patronat et les pouvoirs publics. Les politiques sociales sont aussi étudiées et le rapport conclut à une répartition des richesses en faveur des plus démunis. Les déciles (couches) les plus pauvres ont bénéficié d'une croissance de leur part de revenu supérieure à celle du PIB par tête, contrairement au décile le plus riche, même s'ils ne reçoivent que 3% du revenu total.