Le fait que l'Algérie soit classée sur une liste noire exaspère les partis. La classe politique condamne à l'unanimité la décision de Washington et de Paris de classer l'Algérie dans une liste noire. Plusieurs partis exigent la révision de cette attitude. Pour les représentants des partis, l'aspect sécuritaire est loin d'être à l'origine de ce classement qui cache mal les arrière-pensées de leurs initiateurs. «Non à l'atteinte à la dignité des Algériens!» «Nous ne tolérerons pas ce genre de comportement inadmissible». «La décision de classer l'Algérie parmi les pays à risque est inconcevable.» Ce sont là les quelques réactions recueillies auprès des partis qui s'insurgent contre la décision prise par la France et les Etats-Unis d'Amérique de soumettre des Algériens à des fouilles corporelles au niveau des aéroports. Qu'ils soient de la coalition gouvernementale ou de l'opposition, les partis politiques sont unanimes pour dire «basta!» à l'atteinte de la dignité des Algériens! «Pourquoi intégrer notre pays dans cette liste alors qu'il est renommé pour sa lutte contre le terrorisme?», s'interrogent avec amertume les différentes formations politiques. Invités de l'émission hebdomadaire La tribune de la politique, diffusée jeudi dernier sur les ondes de la Chaîne I, les représentants du FLN, du MSP et du PT se sont élevés contre ces allégations mensongères. Pour eux, il n'est pas question de garder le silence sur cette affaire. «Toutes les forces politiques et la société civile doivent se mobiliser pour réclamer auprès des pays concernés de revoir leur jugement», s'accordent à dire les représentants des partis. «Nous n'accepterons pas cette politique du deux poids, deux mesures», a martelé Abderahmane Saïdi, président du conseil consultatif du Mouvement de la société pour la paix. Le député du PT, Ramdane Taâzibt, s'est montré plus radical. «Il faut aller plus loin et appliquer les principes de réciprocité», a-t-il exigé. «Nous devons faire face à cette atteinte et prendre une position ferme pour préserver notre dignité», a clamé le député du FLN, M.Azouz. Pour ces hommes politiques, la situation sécuritaire est loin d'être à l'origine de ce classement. La preuve en est que la menace terroriste est un phénomène mondial est qu'aucun pays n'est à l'abri. Le député du FLN estime que les dossiers de l'Africom, de l'UMP et du Sahel sont des éléments explicatifs de cette attitude. «Réduire la menace terroriste à quelques pays serait une grande erreur», considère Abderahmane Saïdi. «Nous aurions souhaité des mesures allant dans le sens de la lutte contre ce phénomène. Malheureusement, ce n'est pas le cas», a-t-il déploré. Il précise que des pays où se produisent des attentats ne figurent pas sur cette liste. Le président du conseil consultatif soutient effectivement que la position de l'Algérie sur plusieurs questions internationales, en particulier le projet de l'Africom, est à l'origine de ce jugement. Une thèse appuyée par le Parti des travailleurs. «Cette décision est une réplique aux mesures prises par le gouvernement pour protéger son économie», conclut M.Taâzibt. Il rappelle également la loi sur les hydrocarbures qui a été amendée en 2006. La restriction de la liberté économique ne fait pas plaisir aux pays libéraux qui voient en ces mesures une menace pour leurs intérêts dans la région. Nul n'ignore que les dernières mesures économiques introduites dans la loi de finances complémentaire 2009 ont soulevé un tollé au sein des chancelleries, lesquelles n'ont pas tardé à afficher leur mécontentement. Le gouvernement a répondu qu'il n'est pas question de faire marche arrière en demandant aux étrangers de s'adapter aux règles de l'économie algérienne. Une position qui a fini par coûter cher à l'Algérie. Alors qu'elle était le fer de lance dans la lutte contre le terrorisme, en devenant une référence dans le monde, l'Algérie se voit rétrograder au rang des pays à risque. Un constat que n'arrive pas à digérer la société dans son ensemble. Les représentants des partis politiques comme le gouvernement ne cèderont pas. La classe politique dans son ensemble a stigmatisé cette attitude. «Nous dénonçons avec force cette décision et nous accompagnerons le gouvernement dans sa démarche», souligne Chihab Seddik, membre du bureau politique du RND. Pour les partis, Washington et Paris sont appelés à revoir leur décision.