Réunis à Istanbul, les ministres de la Défense de l'Otan devaient aborder le sujet-clé des renforts en Afghanistan. Les pays européens de l'Otan étaient appelés hier à consentir un effort, ultime mais jugé décisif, pour contrer les taliban et stabiliser l'Afghanistan en y envoyant des milliers d'instructeurs former la police et l'armée afghanes. Réunis à Istanbul, les ministres de la Défense de l'Otan devaient aborder le sujet clé des renforts en Afghanistan. Le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen et le secrétaire américain à la Défense Robert Gates devaient plaider auprès des alliés européens, qui ont déjà décidé d'expédier près de 10.000 soldats supplémentaires, pour qu'ils envoient un maximum de policiers instructeurs. Le but, ont-ils expliqué, est de parachever les progrès déjà enregistrés face aux taliban, afin de permettre dès 2011 un début de désengagement militaire pour les 44 pays contribuant aux forces internationales. Les Américains n'épargnent rien pour remonter le moral de leurs alliés européens et les mobiliser, malgré des opinions publiques de plus en plus hostiles dans chacun de leurs pays au maintien de leurs soldats en Afghanistan. Ainsi, jeudi, le commandant en chef des forces internationales commandées par l'Otan, le général américain Stanley McChrystal, a assuré que sa nouvelle stratégie contre-insurrectionnelle, appuyée sur les importants renforts expédiés par Washington, commençait à payer. La situation militaire reste «grave» en Afghanistan mais «je ne dis plus qu'elle se détériore. J'ai dit cela l'été dernier et je crois que c'était exact. Je vois les choses différemment aujourd'hui», a-t-il affirmé à des journalistes. Des progrès ont déjà été enregistrés en 2009, d'autres le seront en 2010, a-t-il encore promis. Encore faut-il que les moyens soient adaptés aux objectifs. Or, le pendant de la stratégie du général McChrystal, c'est l'«afghanisation» du conflit, entérinée par la conférence internationale sur l'Afghanistan le 28 janvier à Londres. La Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) aux ordres du général McChrystal doit transférer progressivement à l'armée et à la police du gouvernement de Kaboul la tâche d'assurer en première ligne la sécurité face aux taliban. Les Etats-Unis ont également l'intention de faire un geste à l'égard de leurs alliés, trop souvent exposés aux attentats à la bombe artisanale des taliban, en leur livrant des véhicules spéciaux destinés à protéger les soldats de ces engins dits «improvisés», mais très meurtriers. Lors d'un dîner, jeudi soir, consacré aux questions budgétaires, les ministres ont également «appuyé unanimement» une réforme du financement de l'Alliance atlantique qui lui permettra de se concentrer sur l'Afghanistan, a indiqué à la presse une porte-parole de l'Otan, Carmen Romero. L'un des axes de cette réforme pourrait être, à des fins d'économie, «une mise en commun des moyens» dans des domaines comme «les hélicoptères et les antennes médicales», et la lutte contre «les bombes artisanales». En ouvrant la séance hier matin, M.Rasmussen s'est félicité de «l'accord intervenu entre les ministres sur un paquet de mesures destinées à apporter à nos soldats le soutien dont ils ont besoin sur le terrain». Les pays de l'Otan, a indiqué la porte-parole, «se sont engagés à faire les investissements nécessaires dans les opérations, et en fonction d'intérêts stratégiques», qui restent à définir. Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, avait fait savoir jeudi qu'aux yeux de Washington, ces priorités étaient, d'une part, l'Afghanistan et d'autre part, la défense antimissile en Europe, un projet en cours d'examen.