L'un des plus grands maîtres de la peinture en Algérie est décédé avant-hier. Ali-Khodja Ali, l'une des figures de proue de l'art de la miniature en Algérie, s'est éteint dans l'après-midi de dimanche 7 février. Il était célèbre pour ses peintures de paysages du Sahel algérois, mais aussi et surtout pour les miniatures qu'il a réalisées, puisqu'il a grandi auprès d'un des plus célèbres miniaturistes algériens, Mohamed Racim. Ce géant de l'art nous a quittés à l'âge de 87 ans. C'est à la mort de son père, en 1927, qu'il sera pris en charge par l'un de ses oncles maternels: Mohamed Racim, l'illustre peintre et calligraphe algérien. En 1933, il devient l'élève de Omar Racim, son deuxième oncle maternel, aux cours pratiques, et d'enluminure à l'Ecole des beaux-arts d'Alger. Il participe à une première exposition collective en 1941, à la salle du Crédit municipal à Alger. Par la suite, les oeuvres de cet artiste feront le tour du monde. Il prendra part à de nombreuses expositions collectives à Oslo, Copenhague, Grenade, Paris, Rabat et Ankara...Il participera aux toutes premières expositions organisées par l'Algérie indépendante. Il devient également membre fondateur de l'Union nationale des arts plastiques (Unap). Le Grand Prix national de peinture, Ali-Khodja l'obtient en 1970 et en 1987, il reçoit la médaille du Mérite national. Au cours de la même année, il fut membre du jury international de la première Biennale internationale des arts plastiques d'Alger. Il sera, deux ans plus tard, en 1989, le président de ce jury. De nombreuses personnes l'ignorent, c'est pourtant Ali-Khodja Ali qui fit la conception de l'affiche de la première édition du Festival panafricain en 1969. Questionné lors de la deuxième édition du Panaf l'année dernière, ce dernier, ayant l'esprit vif et une incroyable mémoire, s'en souvient encore parfaitement. «J'ai confectionné plusieurs dessins et croquis que je n'ai pas aimés. J'ai fini par opter pour le côté flore et faune, en plus du côté humain, c'est-à-dire la population d'Afrique avec ses rites et coutumes, ses problèmes de vie et de survie. On vit des plantes, des animaux...», nous expliquera-t-il. De nombreux artistes se sont déplacés, hier, pour assister au rassemblement organisé, au Palais de la culture, Moufdi-Zakaria à Kouba, histoire de rendre hommage à l'un des plus grands maîtres de la peinture algérienne. La première responsable du département de la culture s'est également exprimé à cette occasion: «C'est un grand peintre qui a porté les couleurs de son art, descendant d'une illustre famille de créateurs, les Racim, qui ont renouvelé l'art de la miniature au point de susciter l'admiration de nombreux artistes du monde musulman, il en a été, à sa manière, le digne continuateur», fera noter Khalida Toumi, ministre de la Culture, dans un message adressé à la famille du célébrissime peintre défunt. Et d'ajouter: «Virtuose dans le maniement de la couleur, créant de précieuses miniatures que de nombreux collectionneurs ont acquis en leur temps et qu'ils conservent encore précieusement.»