A l'occasion de sa troisième tournée au Maghreb, l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU n'a pas fait de déclarations publiques concernant cette question fondamentale qui caractérise le conflit du Sahara occidental. Un peuple colonisé qui ne courbe pas l'échine et qui revendique son indépendance subit des répressions violentes. Ce n'est certes pas une démonstration. Ce sont des faits prouvés par l'histoire: celle que font les peuples décidés à retrouver le souffle de la liberté. Le peuple sahraoui en est la preuve vivante. «Les restrictions sont particulièrement strictes dans la région contestée du Sahara occidental sur laquelle le Maroc revendique la souveraineté et qu'il administre comme si elle faisait partie de son territoire national» avait souligné Human Rights Watch dans son rapport publié en janvier 2010. La répression, le peuple sahraoui l'a vécue et continue de la vivre dans sa chair. «De nombreux sahraouis ont été inculpés ou emprisonnés à cause de leurs revendications pacifiques en faveur de l'autodétermination pour le Sahara occidental» indiquent les rédacteurs du rapport de l'ONG internationale dont le siège se trouve à New York. Les affaires les plus médiatisées, celles de la pasionaria sahraouie, Aminatou Haïder, expulsée au mois de novembre dernier vers l'ile de Lanzarote aux Canaries et des sept militants des droits de l'homme sahraouis interceptés le 8 octobre 2009 sur le tarmac de l'aéroport Mohammed V, après leur retour des camps de réfugiés de Tindouf ont fait le tour de la planète. Ali Salem Tmek et ses compagnons croupissent depuis dans la prison militaire de Salé où ils ont entamé une grève de la faim illimitée. Des prisonniers politiques incarcérés à Tiznit les ont rejoints depuis samedi, dans ce mouvement qui gagne plusieurs prisons du Royaume. Christopher Ross le sait. Il ne peut l'ignorer. Comme il ne peut ignorer les violentes répressions et les passages à tabac subis ces derniers jours par les populations sahraouies des villes rebelles de Dakhla et El Aâyoune qui manifestaient pacifiquement. Lors de la visite qu'il a effectuée samedi dernier dans les camps de réfugiés de Tindouf, il s'est borné à déclarer qu'il était venu «s'enquérir de la position du Front Polisario et de son point de vue sur les modalités à mettre en oeuvre pour progresser dans les négociations auxquelles a appelé le Conseil de sécurité (...) pour une solution mutuellement acceptable, une solution qui prend en charge le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». Et c'est justement sur la mise sur pied de ce référendum qui prendrait en compte le droit du peuple sahraoui à s'exprimer librement quant à son avenir que butent les négociations. Que les cris de révolte du peuple sahraoui veulent être étouffés par les forces d'occupation marocaine. L'accès des peuples opprimés à disposer d'une patrie leur est consacré par le droit et la légalité internationales. Les deux sont foulés aux pieds, que ce soit au Sahara occidental ou en Palestine, sous le regard d'instances internationales qui cultivent le paradoxe de voter et d'adopter des résolutions qu'elles ne mettront pas en oeuvre. Avant l'arrivée de l'envoyé spécial de Ban Ki-moon au Maghreb, les autorités marocaines ont soigneusement pris le soin d'actionner tous leurs «leviers» pour crier sur tous les toits et à qui voulait les entendre que seule l'application de leur plan d'autonomie représentait une solution au conflit du Sahara occidental. Le Maroc a définitivement rejeté le principe de référendum qui inclurait l'option de l'autodétermination au peuple sahraoui. «Les vieux schémas (référendum d'autodétermination) sont définitivement écartés et l'indépendance impossible» a indiqué le chef de la diplomatie marocain lors de son entretien avec l'envoyé spécial des Nations unies au Sahara occidental. Taïeb Fassi Fihri a poussé le bouchon jusqu'à déclarer que «l'initiative d'autonomie a été élaborée à la demande des Nations unies». Un coup de bluff auquel n'a pas cédé le diplomate américain. Christopher Ross a rappelé, lors de son escale à Alger et après l'entretien qu'il a eu avec le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, que son objectif «est d'arriver à une solution politique mutuellement acceptable qui pourvoie à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le contexte d'arrangements conformes avec les buts et les principes énoncés dans la Charte des Nations unies». Une déclaration qui ne souffre d'aucune ambiguïté et qui devrait en principe remettre les pendules à l'heure et battre en brèche l'unilatéralisme de la position marocaine.