Un comité de suivi de l'initiative de paix arabe, un plan de paix global adopté à Beyrouth en 2002, était «sur le point d'élaborer des plans alternatifs (...)» pour faire face à l'éventualité d'un échec. Si le processus de paix échoue, que fait-on? Les dirigeants arabes réunis en sommet à Syrte réfléchissent aux alternatives pour contraindre Israël à se retirer des territoires occupés. Plusieurs responsables se déclarent désormais convaincus que les négociations indirectes proposées par les Etats-Unis ne mèneront à rien. Samedi, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a appelé les dirigeants arabes à «discuter de la possibilité existante d'un échec total du processus de paix» israélo-palestinien. Les négociations de proximité, arrachées par les Etats-Unis aux deux parties, sont effectivement bloquées par la judaïsation de Jérusalem-Est occupée avant même d'avoir commencé. Ces discussions, a estimé M.Moussa, sont pourtant les dernières «sous la forme dont elles ont été menées au cours des deux dernières décennies». M.Moussa a révélé que le comité de suivi de l'initiative de paix arabe, un plan de paix global d'inspiration saoudienne, était «sur le point d'élaborer des plans alternatifs et des démarches pour faire face» à l'éventualité d'un échec. Ce comité avait donné le 3 mars son feu vert pour le lancement des négociations indirectes. Mais les Arabes sont «convaincus qu'elles sont inutiles en raison de la poursuite de l'intransigeance israélienne», a admis vendredi soir le président du comité de suivi, le Premier ministre qatari Hamad Ben Jassem. Il est temps, a-t-il dit, que «la communauté internationale assume ses responsabilités» évoquant pour la première fois des sanctions internationales contre Israël. «Israël se comporte comme s'il avait une immunité car jamais des sanctions internationales ne lui ont été imposées», a ajouté le responsable qatari. En acceptant les négociations indirectes, «nous avons voulu donner une carte au médiateur américain et nous allons soutenir les efforts des médiateurs s'ils espèrent réussir. Mais ce soutien ne sera pas aux dépens de notre cause» a-t-il averti. Selon le comité de suivi, le lancement des négociations «est lié» à l'arrêt de la colonisation israélienne et surtout l'annulation de la décision récente de construire 1600 logements juifs à Jérusalem-Est occupée. «Il y a plusieurs options pour une nouvelle stratégie arabe vis-à-vis du conflit avec Israël», affirme Hicham Youssef, un haut responsable de la Ligue arabe, alors que l'Etat hébreu a réitéré samedi son refus de geler la colonisation. «Certains évoquent la guerre, d'autres parlent de résistance armée ou de résistance pacifique», ajoute-t-il. Des dirigeants arabes se sont inquiétés des risques d'un conflit armé dans la région. A Syrte, le président palestinien Mahmoud Abbas a mis en garde contre «des guerres qui risquent d'éclater si les violations israéliennes à Jérusalem se poursuivent». Peu avant lui, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait affirmé que «Si Jérusalem brûle, ceci signifie que la Palestine brûle. Et si la Palestine brûle, ceci veut dire que le Proche-Orient brûle». Israël joue «avec le feu» en poursuivant la construction de logements à Jérusalem-Est, occupée avait estimé jeudi le roi Abdallah II de Jordanie. Pour le président syrien Bachar al-Assad, Israël «pousse la région vers la guerre» avec l'occupation de terres comme le Golan, revendiqué par Damas. Une autre possibilité, selon M.Youssef, serait «d'aller au Conseil de sécurité pour demander l'imposition d'un règlement aux parties». «Il est temps que les résolutions du Conseil de sécurité concernant le conflit israélo-palestinien soient prises sous le chapitre VII de l'ONU», prévoyant des mesures coercitives en cas de menace contre la paix, souligne-t-il. «Ce sera bien sûr une longue et dure bataille», admet le diplomate arabe.