Bombe à Kaboul, tentative d'assassinat de Karzaï, ce pays fait la une, un an après la mort de Shah Massoud. Le 9 septembre de l'année dernière, - deux jours avant l'apocalyptique attentat contre les Twins Towers du World Trade Center, à New York-, le héros de la guerre d'Afghanistan, le commandant Ahmed Shah Massoud, était assassiné dans son fief du Nord, par deux pseudojournalistes. Pour l'Afghanistan, en guerre civile depuis une décennie, le destin va alors totalement basculer, conséquence directe des attaques anti-américaines de New York et de Washington. Dès lors, le destin de l'Afghanistan va se renverser induit par ce concours de circonstances exceptionnelles, l'attaque terroriste contre les tours jumelles new-yorkaises. Cette déclaration de guerre du terrorisme international contre les puissants Etats-Unis va donner au conflit afghan une dimension internationale et à son issue un caractère d'urgence. L'assassinat de Shah Massoud et l'attaque du WTC, -même si l'on peut supposer que, selon toute probabilité, ils soient (à l'origine) indépendants l'un de l'autre-, vont faire bouger les choses en infléchissant la situation prévalant en Afghanistan. De fait, l'entrée en guerre des USA contre leurs anciens alliés, les taliban, va déterminer le futur de ce pays. Aujourd'hui, un an après l'assassinat du commandant Shah Massoud, l'Afghanistan est un pays «libéré» de la main-mise de l'intégrisme taliban. Toutefois, les événements qui se sont produits jeudi simultanément à Kaboul, la capitale, (explosion d'une bombe qui a occasionné la mort de 22 personnes), et la tentative d'assassinat du président Hamid Karzaï à Kandahar, l'ancien fief du chef taliban, le mollah Omar, indiquent que la paix en Afghanistan demeure fragile et que le pays peut encore basculer de nouveau dans la violence. D'autant que le mollah Omar, toujours dans la nature, reste insaisissable, et les phalanges taliban, certes réduites à la défensive, demeurent une source de nuisance menaçante pour la paix et pour la reconstruction d'un pays en pleine déconfiture. Cela, alors que les derniers mois de calme n'ont pas permis de redresser le pays où tout reste à faire et à refaire à l'instar de la capitale, Kaboul, qui présente encore de nombreux vestiges de quartiers éventrés avec des bâtiments en ruines. Aussi, l'attentat contre Hamid Karzaï, qui représente autant pour les Afghans que pour la communauté internationale, un espoir de retour à la normalité, indique que la bataille pour la paix, en Afghanistan, est loin d'être gagnée. Au contraire, l'action avortée, de jeudi, contre le président afghan fait suite aux assassinats en juillet dernier du vice-président Haji Abdul Qadir, au début de l'année du ministre de l'Aviation, Abdul Rahman, les tentatives de meurtre contre le vice-président et ministre de la Défense, Mohammed Qassim Fahim, en avril, et celui contre le président Karzaï le 29 juillet dernier. Ces violences, abouties ou avortées, font partie de la série de tentatives de déstabilisation d'un pays toujours à la recherche d'un difficile équilibre où le dosage ethnique joue un rôle prépondérant. La composante actuelle du gouvernement provisoire afghan, est la résultante de la réunion, en juin dernier, de la loya Jirga, (Assemblée traditionnelle) qui a nommé à la tête de l'Etat, Hamid Karzaï. Aussi, la disparition subite de l'homme du consensus, Hamid Karzaï, pouvait remettre en cause le fragile équilibre trouvé entre les factions guerrières afghanes. On comprend que de nombreux dirigeants, notamment le président américain, George W.Bush, se soient déclarés «soulagés» après que le président afghan se fut sorti indemne de cette énième tentative d'assassinat. Il semble cependant, que les services de sécurité de l'Isaf ( Force internationale d'assistance à la sécurité) placée sous l'égide des Nations unies, ait eu vent de cette tentative de meurtre, renforçant en conséquence son effectif qui comprend 5 000 hommes lesquels assurent, outre la défense de la capitale Kaboul, la garde rapprochée des principaux dirigeants afghans. Aussi, à l'approche de la célébration du premier anniversaire de l'assassinat du «héros national afghan» Ahmed Shah Massoud, prévue pour ce lundi, la pression va-t-elle crescendo, remettant le pays dans une ambiance de suspicion que d'aucuns estimaient alors dépassée. Toutefois, les réalités sur le terrain infirment la sérénité affichée ces dernières semaines et montrent, en revanche, que l'Afghanistan n'est pas totalement sorti de la crise et qu'une étincelle pourrait rallumer le feu et replonger le pays dans les affres de la guerre civile. Les attentats de jeudi à Kandahar et à Kaboul en sont le témoignage. C'est cette précarité du pays qui a résolu la communauté internationale à renouveler son soutien au président afghan Hamid Karzaï et à appuyer de toutes les façons l'Afghanistan dans sa marche pour l'instauration de la paix...