Vif, collectif, mais surtout doté d'une technique balle au pied hallucinante, le gaucher sochalien pourrait se voir confier les rênes de la sélection. La semaine dernière, quand les rumeurs du forfait de Mourad Meghni se sont confirmées, tout le peuple algérien s'est mis à craindre le pire. Privés de leur meneur de jeu, les Fennecs semblaient en grande difficulté pour la Coupe du Monde de la FIFA 2010. Dans sa chambre d'hôtel à Crans Montana (Suisse), lieu du premier stage de préparation des hommes de Rabah Saâdane, le jeune Ryad Boudebbouz devait, lui, y voir un signe du destin, malgré sa tristesse pour son coéquipier. En l'absence du numéro 10 de la Lazio Rome, le gaucher sochalien pourrait se voir confier les rênes de la sélection. En attendant de savoir si Saâdane lui remettra définitivement les clés du jeu algérien, il affiche déjà la motivation nécessaire pour assumer cette mission. «Ce n'est pas le tout de faire partie du groupe, maintenant je veux jouer, apporter mes qualités à l'équipe», a-t-il récemment confié à FIFA.com. «Je sais ce dont je suis capable en 10, derrière le ou les attaquants. De toute façon, le coach ne m'a pas sélectionné pour défendre, il sait que je n'aime pas ça (rires)». Avec cette pointe d'assurance qui colle si bien à l'insouciance de ses 20 ans, «Debza» nous assure qu'il sera dans les 23, il en a parlé avec le Cheikh. Quelques semaines seulement après avoir été appelé pour la première fois, le milieu offensif s'apprête donc à disputer sa première Coupe du Monde de la FIFA. «Je ne réalise pas ce qui m'arrive. C'est en voyant la réaction de mes proches que je comprends que c'est quelque chose d'énorme. Le téléphone ne cesse de sonner chez mes parents. Mais, moi, je veux rester le petit jeune de la famille, je ne suis pas une star.» Pourtant l'ascension du natif de Colmar force le respect. Vainqueur de la Coupe Gambardella avec son club formateur, le FC Sochaux, en mai 2007, il fait ses grands débuts professionnels en octobre 2008. À peine un mois plus tard, il inscrit son premier but en Ligue1. Depuis, il a accumulé près de 60 matchs en première division française, pour dix réalisations. «Finalement, cela fait moins de deux ans que je joue avec les "grands". Alors je ne me prends pas la tête. Je sais très bien que cela va aussi vite vers le haut que vers le bas». Certes, mais pour l'heure, les voyants sont plutôt au vert. Laissé sur le banc au début du premier match de préparation de l'EN contre la République d'Irlande, Ryad a fait son entrée à la 67e minute, alors que les Européens avaient déjà frappé deux fois. S'il n'a rien pu faire pour éviter la défaite 0-3, il a hérité de la meilleure note des siens pour ses 25 premières minutes en sélection A. Quatre mois seulement après avoir révélé son envie d'évoluer pour l'Algérie - il avait auparavant été sélectionné en U 17 et U 19 français - le feu follet est sur une voie royale. Capable de distribuer les caviars dans un rôle de meneur, il peut aussi occuper les deux ailes, voire jouer un cran plus bas, comme relayeur, où sa vision du jeu est un énorme atout, tout comme son adresse sur coup franc. Vif, collectif, mais surtout doté d'une technique balle au pied hallucinante, son récent but à Monaco, en Coupe de la Ligue, résume, à lui seul, ses qualités. Sur un dégagement raté du gardien monégasque, Boudebbouz a le coup d'oeil pour évaluer la distance et la technique pour enrouler - sans contrôle - un lob de 50 mètres dans la lucarne. Reste maintenant à confirmer cette fraîcheur et cette audace quand il s'agira de se frotter à l'Angleterre, aux Etats-Unis et à la Slovénie dans le Groupe C d'Afrique du Sud 2010. Même si l'Algérie n'est pas favorite pour réaliser le rêve de millions de supporters, à savoir passer le premier tour, Boudebbouz, lui, est déjà tout près de réaliser le sien. «Même si je n'avais que huit ans, je garde un souvenir très précis de la finale de France 1998 entre les Bleus et le Brésil. Je me souviens m'être juré qu'un jour ce serait moi sur le terrain.» Il ne lui reste plus que quelques jours à patienter...