Des quartiers de la capitale sont livrés au commerce informel au mépris de toute règlementation. A quelques jours de l'Aïd, tous types de marchandises et toutes sortes de friperies envahissent les trottoirs. C'est la sempiternelle question de l'informel qui revient en force à l'approche du jour de fête. Si le phénomène, entré dans les moeurs, est visible tout au long de l'année, en revanche, il est beaucoup plus apparent à l'approche de la rentrée scolaire et des fêtes religieuses. Les choses se gâtent énormément à l'arrivée de pareilles occasions. L'occupation illégale des espaces publics a pris des proportions alarmantes sans que les services concernés ne lèvent le petit doigt. Cela est perceptible dans toutes les villes et agglomérations du pays. Le trottoir est un espace hypothéqué depuis des années chez nous. Néanmoins, qui est censé protéger ces espaces publics? Les collectivités locales et les services de sécurité se rejettent constamment la balle. A Bachdjarrah, Bourouba ou encore El Harrach et même dans d'autres endroits de la capitale, on observe ces jours-ci une recrudescence sans égale du commerce informel qui envahit les moindres recoins de ces agglomérations et quartiers. A titre d'exemple, les habitants de Meissonnier à Alger-Centre ne cessent de crier leur ras-le-bol. C'est un véritable souk! Dans cette anarchie qui sévit sur le trottoir, certains commerçants, plus particulièrement les propriétaires de magasins et cafétérias, n'hésitent pas à grignoter l'espace réservé aux piétons. Des terrasses de cafétérias sont ainsi érigées sur des trottoirs avec la grâce et la complicité des autorités locales. Certains commerçants ont abusivement fait main basse sur ces espaces réservés au public sans être inquiétés outre mesure. «Il n'est pas aisé de se frayer un chemin à travers ces multiples obstacles dressés sur les trottoirs», regrette un habitant du quartier sus-cité. Tous les passages sont bloqués à cause des marchandises et étals sur le trottoir. Parfois les piétons sont contraints de partager dangereusement la bande d'asphalte avec les automobilistes. Les vendeurs illicites, en nombre toujours effarant, écoulent des marchandises variées allant des fruits et légumes aux articles de quincaillerie, en passant par les téléphones portables et les effets vestimentaires. Les piétons sont obligés de slalomer entre les chaises et les tables des cafés et les outils de quincaillerie et même des ateliers de mécaniciens et de menuisiers. Des établissements privés ont complètement investi les espaces publics et encombrent le moindre passage aux piétons. La catégorie des personnes âgées, les handicapés ainsi que les enfants sont les premiers à endurer cette situation. Dans certains points ils sont forcés de s'aventurer, à leurs risques et périls sur la chaussée, gênant ainsi la circulation des automobilistes. La sempiternelle question des marchands informels qui ont élu domicile sous les balcons des habitations et qui suscitaient par le passé un intérêt particulier pour les pouvoirs publics, ne semble plus bénéficier de la même attention. A l'approche de la fête de l'Aïd et de la rentrée scolaire, d'autres marchands sont venus s'installer aux abords de ces marchés et à leur tour étalent leurs marchandises. Dans la conception de ces nombreux «commerçants», il est clair que la notion d'espace réservé au public est loin d'être acceptée. Des extensions prennent le pas aussi bien sur les trottoirs que sur le patrimoine public. La question de squat de l'espace public ne semble pas les gêner et le respect de la réglementation des limites d'implantation ne les préoccupe aucunement. Les services de sécurité et les collectivités locales ne semblent pas avoir les coudées franches pour endiguer cette anarchie. La majorité des citoyens approchés mettent en cause le rôle des assemblées élues qui «semblent fermer l'oeil sur l'incivisme de ces commerçants», regrettent-ils. Les commerçants interrogés pointent du doigt le commerce informel qui, disent-ils «est en grande partie responsable de l'occupation illicite des trottoirs dans la majorité des rues». Les quartiers de la capitale sont-ils une zone de non-droit?