De nombreux paysans se sont plaints ces derniers jours de cette situation préjudiciable. Depuis la nuit des temps, l'huile d'olive a toujours été l'aliment de base des habitants de Kabylie. Idolâtré et entretenu avec amour, l'olivier a toujours eu la considération qu'il mérite. Cela ne pouvait pas en être autrement sachant tous ses bienfaits tant pour la santé que pour la bourse, et cela depuis quelques années. Depuis que le prix de l'huile d'olive frôle les 500 dinars le litre, un autre phénomène est apparu: le vol d'olive. Même si ce phénomène existait déjà avant, l'ampleur qu'il prend présentement inquiète sérieusement les propriétaires d'oliveraies. Alors que la récolte venait à peine de commencer, beaucoup de paysans de la vallée de la Soummam ont été surpris de découvrir certains de leurs oliviers vidés de leurs fruits. Pendant que les habitants attendaient sagement que l'olive mûrisse à point, certains malintentionnés s'activent à une cueillette à la sauvette. De nombreux paysans se sont plaints ces derniers jours de cette situation préjudiciable. Outre les pertes, la cueillette à la sauvette peut aussi endommager l'olivier. La première réaction est venue des comités de village de la commune de Tinebdar. Réunis avec le maire de la commune, ces comités, très actifs au demeurant, ont tenu à dénoncer les actes de vol d'olives à l'intérieur même des maisons et ont décidé d'adopter une stratégie de lutte contre ce phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur. Si l'huile d'olive a toujours eu de la valeur dans cette région, il demeure que depuis la flambée de son prix, elle est fortement convoitée. C'est de l'or liquide en Kabylie. C'est pourquoi on n'hésite plus à dépasser la ligne rouge pour «cambrioler» des champs et maintenant des maisons. Rien ne semble arrêter ces voleurs d'un nouveau genre. Sauf peut-être la solidarité qui a toujours caractérisé la région de la vallée de la Soummam. La stratégie des villageois de Tinebdar s'en inspire. L'olive rapporte gros. Il n'est pas question de la laisser s'envoler sans bouger le doigt. Tout comme pour le vol ou la perte de bétail ou tout autre méfait ayant eu lieu dans les communes de la vallée, la solidarité a toujours réussi à freiner et à venir à bout de ces fléaux mais aussi à soulager les victimes. C'est encore à Tinebdar que l'exemple de réhabilitation des coutumes ancestrales de solidarité est annoncé. Les comités de village, qui s'apprêtent à mener une guerre sans merci contre les voleurs d'olives, ont décidé d'aider financièrement tout fellah touché par la perte d'une bête (vache, mouton, chèvre, âne, etc.). Les comités de villages se chargeront de la collecte des fonds et les remettront au comité de village dont dépend le fellah concerné. C'est ainsi qu'un fellah du village de Chebirdou, touché par la perte d'un veau d'une valeur de plus de 16 millions de centimes, bénéficiera de cette coutume ressuscitée. Le conseil consultatif de la commune, qui comprend l'ensemble des comités de villages, a lancé un appel aux citoyens de la commune, notamment les fellahs pour se solidariser avec la victime par des dons à remettre aux comités de leurs villages. Et c'est le comité de village de Chebirdou qui est chargé de piloter cette opération.