La publication imminente de ces documents donnait la migraine à de nombreux gouvernements alors que Washington a multiplié les contacts avec ses partenaires pour amortir le choc. Les Etats-Unis ont rejeté samedi soir toute négociation avec WikiLeaks sur la diffusion de millions de documents secrets américains, en affirmant que le site Internet spécialisé les détenait en violation de la loi américaine et que c'était une démarche «dangereuse». «Nous ne nous engagerons pas dans une négociation sur la diffusion ou la divulgation de documents confidentiels américains obtenus illégalement», a écrit le conseiller juridique du département d'Etat, Harold Koh, dans une lettre adressée au fondateur du site, Julian Assange, et à son avocat, remise aux médias. «Comme vous savez, si n'importe lequel de ces documents que vous prétendez publier a été fourni par des responsables gouvernementaux, ou par quelque intermédiaire que ce soit sans l'autorisation appropriée, il l'aura été en violation de la loi américaine et sans considération pour les graves conséquences de ce geste», indique M.Koh. «La violation de la loi persiste aussi longtemps que WikiLeaks détient ce matériel», a-t-il écrit. Selon des responsables américains, Julian Assange a envoyé une lettre au département d'Etat vendredi dans laquelle il tente de donner une réponse aux craintes des Etats-Unis que la diffusion de ces documents ne mette des personnes en danger. Dans sa lettre, le fondateur du site indique vouloir des informations sur les personnes qui pourraient être «mises en danger de façon significative» à cause des actions de WikiLeaks, ont indiqué ces responsables. La publication imminente de ces documents donnait la migraine à de nombreux gouvernements alors que Washington a multiplié les contacts avec ses partenaires pour amortir le choc. Hillary Clinton, la secrétaire d'Etat, a appelé vendredi les dirigeants français, afghans, émiratis, britanniques et chinois pour les prévenir du contenu possible des câbles diplomatiques dont le site Internet est en possession. WikiLeaks disposerait de près de 3 millions de documents de toutes sortes émanant des ambassades américaines dans le monde entier: analyses, compte-rendu de réunions avec des dirigeants étrangers, notes diverses...Selon le site Internet français owni.fr, bien informé sur WikiLeaks, le New York Times, le Spiegel, le Guardian, El Pais et Le Monde publieront leurs premières analyses des documents dimanche (hier soir) à partir de 22h30 heure de Paris (21h30 GMT). «On s'attend toutefois à des fuites avant cette heure», a déclaré un dirigeant d'owni. Ces papiers confidentiels étaient destinés à l'usage exclusif du gouvernement américain et le département d'Etat met en garde depuis des jours contre les risques que leur publication présente pour les Etats-Unis et leurs alliés. Dans un entretien que CNN devait diffuser hier le chef d'état-major interarmées américain, l'amiral Michael Mullen, a qualifié les agissements de WikiLeaks d' «extrêmement dangereux». La démarche de WikiLeaks «est un obstacle absolu à ma fonction, qui est de pouvoir discuter en confiance avec les gens», a jugé James Jeffrey, ambassadeur des Etats-Unis à Baghdad. A Moscou, le quotidien Kommersant a aussi affirmé que les fuites comportaient des appréciations «désagréables» qui pourraient blesser Moscou. Selon une source officielle britannique, une partie des documents pourrait faire l'objet de «notes-DA».