Le chef de l'Etat a défini la vision algérienne de la lutte contre le terrorisme transnational. Le Président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, a ouvert, hier, au Palais des Nations, les travaux du colloque international chargé de débattre de «la transnationalisation du terrorisme islamiste». D'emblée, le chef de l'Etat, a, dans une allocution prononcée à cette occasion, indiqué que les thèmes qui seront débattus lors de cette rencontre, «renvoient à des enjeux cruciaux, dont l'analyse n'a été jusqu'ici menée que de manière partielle». S'adressant aux participants, le président Bouteflika leur a déclaré: «Votre rencontre sera, dès lors, l'occasion de contribuer à combler le déficit manifeste de compréhension partagée des multiples facettes du phénomène du terrorisme». Autrement dit, et ce sont là les objectifs déclarés des organisateurs de cette rencontre internationale, de «diagnostiquer la réalité nouvelle induite par la transnationalisation du terrorisme» et de s'interroger, à partir du cas algérien et des conséquences des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, sur les «motivations» et les «pratiques de ses commanditaires». Dans cette optique, le chef de l'Etat a estimé qu'un «effort supplémentaire» de la communauté internationale pour la prévention et la lutte contre ce phénomène «s'impose». Concrètement, le Président Bouteflika propose l'adoption d'une «convention internationale globale» pour prévenir et lutter contre le terrorisme et pour «matérialiser les engagements en matière d'extradition, d'entraide judiciaire ainsi que la fourniture des équipements adaptés à la lutte antiterroriste». Il a aussi estimé dans ce cadre, que la «proposition de convocation d'une conférence internationale pour la définition du terrorisme mérite d'être prise en considération», ceci, a-t-il ajouté, et «afin que nos efforts se conjuguent dans la même lutte, il est absolument indispensable que nous puissions définir notre ennemi commun». Evoquant et se félicitant de ce qu'il a appelé «le ressaisissement salutaire» de la communauté internationale, il a rappelé que «l'Algérie se félicite de cette prise de conscience universelle, d'autant qu'elle a mesuré, tout au long d'une décennie d'épreuves qu'elle a eu à affronter seule et sans même la compréhension ou la compassion du monde extérieur, à quel point les ramifications externes du terrorisme se sont développées à la faveur du laxisme des uns et des calculs des autres dont l'erreur n'a pas tardé à être dramatiquement ressentie par tous». Analysant la mobilisation mondiale qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, le Président de la République a relevé que cette prise de conscience a été «surtout l'oeuvre des gouvernements» et elle a été justifiée par «l'urgence d'organiser une riposte immédiate à un danger imminent et redoutable». Une réaction, a déploré le Président, qui n'a pas intégré «les fruits d'une réflexion sereine sur l'état du monde, sur les causes sous-jacentes du terrorisme, sur l'érosion des valeurs civilisationnelles sans lesquelles il ne saurait y avoir de stabilité durable à l'intérieur des nations ni entre elles». Aussi, pour le chef de l'Etat, la réflexion sur le terrorisme conduit à s'interroger sur «l'adaptation des relations internationales et de leurs pratiques, notamment en ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité». Et, dans ce cadre, a-t-il ajouté, le rôle des Nations unies en tant que «dépositaire de la légalité internationale doit être réaffirmé et respecté par tous», étant donné que cette institution mondiale est «la pierre angulaire» de tout système de sécurité collective adapté aux aspirations à la paix et à la justice de la communauté internationale tout entière. L'Algérie, a dit le chef de l'Etat, «est partie prenante à tous les efforts et aux initiatives dans ce domaine», elle, «qui a fait face avec courage et détermination au terrorisme sous ses formes les plus abjectes, est disposée à partager (avec le reste du monde) les enseignements tirés de sa douloureuse expérience». Et, parmi ces enseignements, «la politique de concorde nationale massivement approuvée par le peuple algérien (et qui) a pour ambition de briser le cycle de la terreur et de créer les conditions les meilleures d'un retour à la paix». Pour le Président Bouteflika, celle-ci, «s'enracine chaque jour davantage dans le vécu du peuple algérien». Car, «il s'agit d'un processus qui repose sur une démarche globale et dont la portée est hautement humaine et civilisationnelle». Les tout récents événements dans lesquels des activités dites terroristes signalées un peu partout dans le monde, avec leurs lots de drames et de victimes, ne peuvent, hélas, que donner raison à cette analyse objective du phénomène terroriste faite par le Président de la République.