C'est le sentiment général constaté, hier, en Kabylie à l'annonce du verdict. Le verdict du tribunal militaire, concernant l'affaire du gendarme Merabet Mestari est enfin tombé. L'assassin du jeune lycéen, Guermah Massinissa dans les locaux de la gendarmerie de Beni Douala, vient d'écoper d'une peine jugée, en Kabylie, pour le moins, insultante. La plupart des citoyens approchés, à ce propos, disent être violemment surpris par une telle peine: 2 ans de prison, contre l'un de ceux à l'origine du basculement de toute une région dans le drame. Un citoyen, qui a requis l'anonymat, dira: «Cet assassin (Merabet Mestari Ndlr) a, en fait, assassiné 120 personnes et blessé des milliers d'autres dont des handicapés à vie (les victimes du printemps noir Ndlr). Il a aussi été à l'origine de la crise économique de la région. Deux ans de prison ! Autant alors le décorer!». Le père de la victime, Khaled Guermah, sollicité par la presse pour une réaction, dira à chaud: «C'est le pouvoir qui commet l'injustice, de façon délibérée.» Après avoir précisé que «le gendarme assassin n'est qu'un pion», il pointe un doigt accusateur vers «M.Zerhouni et le général Boustila, qui sont les vrais coupables!» Le père, toujours, éploré, a rendu publique une déclaration dans laquelle il qualifie «ce verdit d'injustice». «A l'injustice de l'assassinat de mon fils vient s'ajouter une autre. Ce que j'ai toujours appréhendé vient d'arriver, l'assassin de mon fils sera libre dans quelques mois.» Après avoir traité le procès de simulacre, Khaled Guermah ajoute: «Ils peuvent le libérer tout de suite, n'est-ce pas qu'il a bien fait son travail, bien accompli sa mission! Les assassins des 120 martyrs du printemps noir (...) peuvent, dès aujourd'hui, fêter leur libération prochaine.» Se faisant plus acide, il souligne: «L'injustice sévit et continuera à le faire tant que ces gouvernants squattent l'Algérie. Aujourd'hui, je pleure l'Algérie, je pleure mon pays, ma région et mes enfants martyrs.» Puis d'ajouter: «Il est vrai que le procès de Zerhouni, de Boustila et des commanditaires n'est pas pour demain. Qu'ils sachent que l'histoire qui les a déjà condamnés, les jugera comme elle l'a fait pour tous les tortionnaires et exécuteurs.» «Laissez le soin aux citoyens, juristes, intellectuels et parents de se pencher sur ce simulacre de procès et de revendiquer une Algérie qui saura rendre justice à ses enfants!». Pour sa part, la Cadc de la wilaya de Tizi Ouzou a, dans une déclaration, affirmé que «le verdict très clément (2 années de prison) prouve, si besoin est, que le pouvoir tyrannique veut protéger les gendarmes assassins et leurs commanditaires». Après avoir «rejeté dans la forme et dans le fond», le procès de l'assassin de Guermah Massinissa, la Cadc exige des jugements par les tribunaux civils de tous les auteurs, ordonnateurs et commanditaires des crimes, ainsi que leur radiation des corps de sécurité et des fonctions publiques. Comme la Cadc apporte son soutien à toutes les familles des martyrs qui refusent d'assister aux procès qui ont ou auront lieu devant les tribunaux militaires. Elle dénonce, dans la foulée et pour la énième fois, l'atteinte à l'intégrité physique et morale des avocats. Et s'insurge contre «la répression qui s'abat sur la Kabylie, depuis 20 mois», en soulignant: «Hier encore, le sieur Zerhouni a ordonné à sa police de réprimer violemment les rassemblements devant les APC (...).» Face à cette situation et devant «le recours aux balles réelles», la Cadc se déclare «plus que jamais décidée à continuer le combat!». Contacté, le fédéral du FFS de la wilaya de Tizi Ouzou dira : « Nous n'avons aucune donnée concernant le procès. Mais nous dirons qu'une justice véritable ne saurait être rendue que lorsque les commanditaires et les assassins auront répondu de leurs actes. Quant à ce verdict, nous ne sommes pas étonnés. Nous disons que c'est là une parodie de justice.»