Note de la Coface ou pas, aide du FMI ou pas, les causes qui bloquent l'économie nationale restent mal définies. La Coface, l'organisme de cotation des risques des investissements français dans le monde, vient de baisser d'un point le risque Algérie qui passe du palier 5 à 4, c'est-à-dire à une position bien meilleure que celle de nombreux pays n'ayant pas connu les convulsions et les soubresauts de notre pays. Cela veut-il dire pour autant, que l'économie algérienne est sortie de la zone de turbulences et qu'elle est en train de réaliser des performances telles, qu'elle a poussé l'organisme français à annoncer la diminution du «risque Algérie»? Lorsqu'on sait que l'institution française n'inclut pas dans ses évaluations uniquement des paramètres purement économiques, mais aussi des critères plus ou moins subjectifs relatifs à la situation politique et sécuritaire du pays étudié, on comprend dès lors, les limites de ceux qui déjà, proclament leur satisfaction et leur optimisme, quant à une percée de l'économie nationale en termes d'améliorations de ces capacités face à une concurrence étrangère de plus en plus rude et féroce. Certes, sur le plan politique et sécuritaire, l'Algérie de 2002 est revenue de loin : des institutions renouvelées dans les échéances fixées, une violence ramenée à un niveau gérable et une diplomatie active, voire l'offensive parfois, ont définitivement changé l'image qu'avait ce genre d'organismes occidentaux sur la réalité algérienne. De même, sur le plan strictement macro- économique, l'Algérie a réalisé de belles performances, réussissant à réduire le service de son endettement extérieur et rétablissant les grands équilibres de son économie. Néanmoins, toutes ces embellies, n'ont pas encore effacé les anachronismes structurels de la sphère économique algérienne qui donne l'impression que les réformes économiques engagées par le pays piétinent sinon sont carrément bloquées par des forces d'inertie, dont aucun organisme spécialisé dans le monde dans n'est arrivé à situer le poids réel, ni encore moins l'action concertée. Toute la batterie de textes juridiques codifiant les rapports économiques depuis près de quinze ans n'ont pas réussi à traduire dans les faits de tous les jours pour une population exsangue, une véritable économie de marché fonctionnant suivant les normes universellement admises ailleurs dans le monde. La fin du monopole d'Etat, de l'économie administrée et surtout de la disparition au pas de charge de toutes les entreprises boiteuses ou vues comme telles, ont conduit uniquement à une déréglementation tous azimuts sans aucune base concurrentielle inhérente au choix de l'économie de marché comme modèle de développement (cas de la téléphonie mobile). Ainsi, tout le processus de privatisation des entreprises publiques ou de modernisation du commerce extérieur, bien que soutenu par les pouvoirs publics dans leur politique économique depuis 5 ans, s'est peu concrétisé sur le terrain au niveau des grandes entreprises publiques tant industrielles que de services comme le secteur bancaire ou celui des assurances. En fait, c'est le secteur financier dans son ensemble, moteur de toute économie saine, qui semble hors de portée de toute réforme économique. D'ailleurs, c'est pour pallier tous ces tirs à blanc que l'Algérie vient de demander l'assistance du FMI pour «amorcer un programme d'évaluation du secteur financier».En somme, note de la Coface où pas, aide du FMI ou pas, les problèmes économiques de l'Algérie, ne datant pas d'aujourd'hui, ne pourraient être résolus par un simple avis d'un organisme extérieur spécialisé certes dans l'évaluation chiffrée d'une économie donnée, mais ne pouvant en aucun cas, apprécier ses éléments sociologiques ou relevant de la part d'irrationalités contenues dans toute économie. En fait, ces «notes» émanant d'officines très proches du pouvoir politique, émettant ces avis peuvent être interprétées comme on veut. Et, dans le cas d'espèce de l'Algérie, elles ne peuvent, en aucun cas, donner une idée précise sur les progrès ou les reculs de l'économie nationale.