De l'écriture à l'édition, il n'y a qu'un pas facile à franchir. Le passage entre les deux activités ne semble pas être difficile. D'ailleurs, plusieurs cas sont enregistrés ces dernières années, particulièrement dans les wilayas de Béjaia et Tizi Ouzou. Brahim Tazaghart, écrivain en langue amazighe, sans avoir laissé tomber l'écriture littéraire, a versé dans l'édition de livres en créant sa propre maison d'édition, «Tira» de Béjaïa. Brahim Tazaghart a choisi de se spécialiser exclusivement, en tant qu'éditeur, dans le livre écrit en langue amazighe. C'est le cas aussi du romancier et nouvelliste, Youcef Zirem qui a lancé une maison d'édition qui porte son nom. La maison d'édition de Youcef Zirem, gérée par ses frères, a eu le mérite de mettre plusieurs livres sur le marché. L'auteur de trois romans en langue française, Tarik Derroud, a également mis en place une maison d'édition «Les belles lettres». Le jeune et très discret auteur Karim Cherief a décidé de se mettre à l'édition après une aventure dans le domaine de l'édition à compte d'auteur. Quand il a écrit son premier livre, il a buté sur plusieurs difficultés afin de trouver un éditeur pour se faire publier. De guerre lasse, Karim Cherief prend la résolution de prendre en charge lui-même l'édition de son ouvrage comme l'avait fait, il y a des décennies, Mouloud Feraoun pour le Fils du pauvre. Mais au moment où il s'attendait le moins, il trouve un éditeur à Alger. C'était en 1999. Le livre est un recueil de poésie intitulé L'Espoir. C'est cet espoir qui permet à Karim Cherief de poursuivre son chemin dans le domaine du livre mais après une certaine traversée du désert puisque son deuxième livre n'est publié qu'en 2010. Il s'agit de la grammaire de tamazight. Ce livre a été édité à deux reprises grâce à la maison d'édition «Le Savoir», dirigée par un autre jeune, Hamid Mezaoui. Selon l'auteur, cet ouvrage s'est bien vendu d'autant plus qu'il est destiné aussi bien à un large public mais aussi aux élèves et aux étudiants qui suivent des cours de tamazight. Karim Cherief est l'auteur d'un essai intitulé Ma kabylité, paru aux éditions «El Amel». Cette semaine il édite son premier ouvrage chez sa propre maison d'édition «Richa-Elsam». Il s'agit d'un lexique français-kabyle de 192 pages, qui recèle 4000 mots. Le livre sera disponible dans les librairies à compter d'aujourd'hui dimanche, nous a confié Karim Cherief, vendredi dernier. Depuis 2009, date de la création de sa maison d'édition, Karim Cherief est à cheval entre deux créneaux, celui de l'écriture et celui de l'édition qu'il pratique avec la même passion. C'est dans la ville de Drâa Ben Khedda qu'il a élu domicile et depuis le lancement de la maison d'édition, cette dernière a produit pas moins de treize livres. «Richa-Elsam» édite des livres dans les quatre langues: tamazight, arabe, français et anglais, précise Karim Cherief. Ce dernier ajoute que pour faire face au problème épineux de la distribution de livres, il travaille avec d'autres éditeurs comme Boudaoud et El Assala (Alger), El Amel et l'Odyssée de Tizi Ouzou. Notre interlocuteur se montre satisfait que les relations entre les différents éditeurs soient généralement empreintes de l'esprit de collaboration. «Nous travaillons ensemble dans une totale harmonie», révèle Karim Cherief qui a eu le courage d'exercer dans le milieu du livre au moment où la majorité des jeunes ne lisent pas. Karim Cherief, sur cet aspect, répond qu'il y a effectivement des genres de livres qui ne se vendent pratiquement pas. Il regrette par exemple, les méventes qui touchent les livres de poésie. Mais en même temps, il insiste sur le fait que d'autres livres trouvent preneurs pour peu qu'ils soient bien faits. C'est le cas entre autres des contes pour enfants qui sont très prisés, selon les affirmations de Karim Cherief. Quelle que soit leur langue d'écriture, les livres de contes illustrés pour enfants se vendent suffisamment, d'après notre interlocuteur. Karim Cherief déplore l'insuffisance du nombre de librairies existant à l'échelle nationale et souligne que la wilaya où le livre est très demandé reste la capitale Alger et ce, quel que soit le genre ou la langue. La maison d'édition «Richa-Elsam» projette de publier un livre entièrement écrit en anglais par le poète Salem Amrane ainsi qu'un roman intitulé La cyclique du temps d'Arezki Tifaoui.