Il est évident que la question est d´importance pour un pays qui a encore beaucoup à faire pour s´adapter «aux normes» du commerce mondial alors que tout reste à faire dans l´industrie, l´agriculture, les banques et les services. L´adhésion de l´Algérie à l´OMC (Organisation mondiale du commerce), qui fait courir depuis des années nos ministres du Commerce, est-elle le parangon tant vanté? Rejoindre cette organisation, en l´état actuel de notre économie, est-il raisonnable? La question se pose: est-il rationnel d´adhérer à cette organisation au moment où notre tissu industriel est obsolète et ne répond plus aux nécessités de développement, que notre agriculture est improductive et ne subvient que partiellement aux besoins alimentaires de la société, en sus d´un système bancaire et d´assurance désuet qui cumule un retard immense, quand les services sont limités? Or, la raison d´être de l´OMC c´est d´abord de pérenniser la mainmise des grands producteurs européens et américains sur le commerce mondial. Surtout lorsque l´on sait que les règles de l´OMC sont le fait de pays industrialisés pour les pays industrialisés où l´altruisme n´a pas de place. Qu´avons-nous à faire là-dedans alors que nous ne sommes ni prêts ni armés pour faire face à cette donne du marché mondial. La démarche d´adhésion à l´OMC est-elle pertinente alors que notre appareil productif est largement délabré? D´autant qu´une telle adhésion exige le démantèlement des barrières douanières et la libre circulation des marchandises, dernière protection de notre économie, en sus d´avoir la capacité de faire face à la pression concurrentielle. Comment l´industrie, l´agriculture, les services, les banques et les assurances, pourront-ils survivre ou résister à la pression et à la concurrence de sociétés et entreprises mondiales, autrement mieux nanties et organisées? Il faut adapter nos industries, notre agriculture, nos banques à ces nouveaux défis. L´a-t-on fait? Comment? Alors que le ministre du Commerce admettait, vendredi à Constantine, qu´il restait beaucoup à faire pour «adapter le produit algérien aux normes internationales». Mais de quels produits à l´exportation, hors hydrocarbures, parle-t-il? L´association avec l´Union européenne n´a apporté aucun plus au pays et n´a eu aucun impact sur la croissance censée apporter le développement, comme l´espéraient les responsables économiques et politiques du pays. En prémices de l´adhésion à l´OMC, il était attendu de l´association avec l´UE l´établissement de bases régulatrices du commerce, dans l´optique de promouvoir le développement durable qui génère les emplois et favorise la croissance économique, notamment avec l´apport des IDE (investissements directs étrangers). Cela ne s´est pas vérifié sur le terrain quand beaucoup d´investisseurs n´ont vu dans l´Algérie qu´un marché de 34 millions de consommateurs. Marché dans lequel ils ont très peu investi. Accéder à l´OMC alors que nous ne sommes ni prêts ni préparés, c´est livrer le pays pieds et mains liés à une concurrence internationale qui laminera le peu de ce que notre pays produit aujourd´hui. Aussi, «l´accession» de l´Algérie à l´OMC, sans précautions, risque d´avoir un coût élevé pour le pays.