Les réformes du système financier commencent à toucher les secteurs sensibles de l'économie à la veille de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. A peine dévoilé un projet de décret, pourtant encore à l'étude, a provoqué un affolement dans le milieu des sociétés d'assurances. Ce projet de décret modifiant et complétant le décret exécutif n° 95-344 du 30 octobre 1995 relatif au capital social minimum pour les sociétés d'assurances, risque de faire disparaître un bon nombre de sociétés privées du secteur ainsi que des agents agréés. Ce projet, s'il est adopté, exigera, en fait, aux opérateurs du secteur de doubler le capital social actuel. Ces derniers n'auront que 18 mois pour se conformer avec les dispositions de cette loi. Alors que le texte actuel stipule que les opérateurs bénéficient d'un délai de 5 ans pour augmenter leurs capitaux sociaux. La mesure actuelle inquiète sérieusement les compagnies nouvellement créées sachant que la rentabilité de l'investissement dans le secteur est à long terme. Ces sociétés seront, en cas d'adoption du projet, contraintes de mobiliser les bénéfices dans la recapitalisation de leurs entreprises. Parfois en droit pour les entreprises rentables, parfois se cachant derrière les résultats positifs des compagnies privées telles que la Ciar et la 2A, certaines compagnies privées se sont élevées contre une intention de retour au monopole. Les sociétés de réassurances seront obligées d'augmenter leur capital à 1,5 milliard de dinars qui, jusqu'à présent, est aligné sur celui des sociétés toutes branches confondues (450 millions). Le même projet exigerait aussi une augmentation à 900 millions de dinars au minimum le capital social des sociétés, au lieu de 450 millions. Et de 200 à 400 millions de dinars pour les sociétés spécialisées en assurance des personnes. L'ouverture du marché de l'assurance a-t-elle apporté des changements? Ce projet de loi a non seulement déclenché une vive appréhension chez les petits assureurs, mais il a relancé le débat sur la réforme du système financier algérien qui attend, depuis plus de 10 ans, une véritable refonte. A ce propos, les concepteurs de ce projet ont donné une justification économique ils ont expliqué, selon des informations, que le but est de réduire au maximum les risques d'insolvabilité. Les réticences enregistrées chez certains opérateurs étrangers ont poussé le ministère des Finances à prendre des mesures. La dernière doléance en date émanait du groupe de réassurance internationale Rockefeller. En vérité le gouvernement ne sait plus à quel saint se vouer dans ces réformes dans le secteur des finances qui rencontrent une résistance farouche de la part des rentiers comme de la part des administrateurs caciques. La pression et la lenteur dans le processus de promulgation de débat et d'application des textes de loi ont créé une sorte de précarité juridique dans le système financier qu'il faut résorber. Les lettres d'objections ne parviennent pas uniquement des opérateurs étrangers mais aussi des opérateurs locaux les plus rentables. Dans le secteur des assurances les compagnies d'assurances Car, El-Baraka wal Aman et la GAM avaient émis une déclaration dénonçant la politique régissant le marché des assurances. Ce qui prouve qu'il reste beaucoup de chemin à parcourir.